Hier
Superbe d’abnégation et de maîtrise, Poitiers a décroché, ce soir à Coubertin, le deuxième titre national de son histoire. Douze ans après. Tout simplement énorme…
Ces images-là resteront sans doute aussi impérissables que les déferlements de 1999. Un entraîneur et son fidèle adjoint communiant dans une longue étreinte. Un président au bord de l’apoplexie. Charlyse, l’emblématique secrétaire du club, portée, les yeux rougis par l’exultation, en triomphe. Le tout devant huit cents supporters aux anges. Et des joueurs tutoyant les nuages.
Ce samedi, à Coubertin, la fête ne fut pas seulement belle. Elle fut énorme. D’intensité. De suspense. Et de soulagement. « Quand on voit d’où on vient… » Thierry Février, jeune président abasourdi, n’en peut plus au milieu de ses troupes. « Tu sais, ajoute-t-il, en janvier, j’ai dit à nos partenaires : souvenez-vous, on a frôlé le pire. Vous allez voir qu’on connaîtra le meilleur. »
Et le meilleur est venu. De cette superbe bande de copains. De cette formidable équipe de talents. Une bande héroïque, qui eût pu baisser la garde après la perte d’un premier set qu’elle avait pourtant largement dominé. Jusqu’à compter six points d’avance (12-6). Jusqu’à plier sous les coups de boutoir d’un N’Gapeth redevenu aérien et d‘un Konecny percutant. (26-28).
Sans doute est-ce la marque de fabrique de cette légion poitevine, moulée dans le béton du combat, façonné à l’image de son coach, que de ne rien lâcher. Son retour dans la bataille, dès l’amorce du deuxième set, eut le don d’irriter les peaux tourangelles.
Guidés par un Sol fabuleux au block et en attaque, les Poitevins ne pouvaient, cette fois-ci, abandonner leur dû. Par deux fois, selon un scénario identique, écrit à l’encre du contre (17 blocks gagnants à 8) et de la défense, ils martelèrent leurs ambitions. 25-20, 25-20. Normal, lorsque la constance est de mise et l’ardeur inébranlable.
Rivera comme un symbole
Et dire que l’arme absolue des Poitevins, Antonin Rouzier (24 attaques réussies sur 45 tentées au final), avait jusque-là peiné à trouver la bonne carburation. Avec un bombardier retrouvé, il ne pourrait rien leur arriver. Las. C’est bien lui qui maintint à flot l’embarcation dans le quatrième set. Et c’est pourtant avec lui aux commandes que Poitiers apparut, enfin, moins consistant. Le TVB, soudain ragaillardi, lâcha la meute. Deux manches partout, balle au centre !
Balle à Poitiers qui, comme un seul homme, se releva de nouveau face à l’assaillant. Lopes, précieux en diable, et Rivera, le «vieux guerrier », firent aussitôt le ménage. Que le Portoricain, déjà couronné avec Paris en son temps, s’offrît le point de la gagne, constitua un beau symbole.
Jamais, dans la tourmente d’une saison gangrénée par les aléas des coulisses, les suspensions, les blessures, les contrariétés financières, Poitiers Volley -ou le Stade poitevin, c’est comme vous voulez- n’a capitulé. Son courage est aujourd’hui récompensé. Douze ans après, le volley poitevin est de nouveau sur le toit de l’Hexagone. Merci à lui. Merci à eux !
La fiche
Paris (stade Pierre de Coubertin). 3500 spectateurs environ. Arbitrage de MM. Marenc et Deregnaucourt. Poitiers bat Tours : 3-2 en 1h55 (26-28 en 28’, 25-20 en 23’, 25-20 en 24’, 22-25 en 24’, 15-12 en 16’)
La marque
TOURS : 59 attaques gagnantes (D. Konecny 19), 8 blocks gagnants (N’Gapeth 4), 4 services gagnants.
Les points : Redwitz 0 (puis De Kergret 2), Tolar 5 (puis D’Almeida 1), P. Konecny, Olteanu 4 (puis Nielsen 5), E. N’Gapeth 23, D. Konecny 20. Libero : Gonzalez. Erepmoc, S. N’Gapeth.
Entraîneur : Eric N’Gapeth
POITIERS : 59 attaques gagnantes (Rouzier 24), 17 blocks gagnants (Sol 8), 4 servces gagnants.
Les points : Pinheiro 1, Kieffer (cap.) 8 (puis Audric), Sol 17, Lopes 8 (puis Alpha), Rivera 18, Rouzier 28. Libero : Teixeira. Zopie, Pouley.
Entraîneur : Olivier Lecat
Ils ont dit
Olivier LECAT, entraîneur de Poitiers : « Sur le point du match, je ne réalise pas. Mais maintenant, je sais. Le bonheur est tellement éphémère qu’il faut savoir le savourer et tout faire pour le prolonger. C’est génial. Les gars ont été géniaux. Et constants d’un bout à l’autre. C’est là-dessus qu’ils ont fait la différence. Poitiers ? Le titre de 1999 appartenait à une autre histoire. Celui-ci va en écrire une autre. En lancer une nouvelle. Un projet est né. Après toutes les difficultés rencontrées, c’est magique. La ville peut être fière de son club de volley. »
Eric N’GAPETH, entraîneur de Tours : « Quand tu joues une finale, il faut être à 100%. On dit toujours que ces matches-là ne sont beaux que si on les gagne. Pour le coup, certains n’ont pas été à la hauteur. Et en face, c’est la régularité qui a fait mal, malgré un Rouzier moyen. Kieffer, Sol, au block, ont été monstrueux. Voilà, nous perdons notre titre. Pour moi et pour le club, une page se tourne. »
Nicolas MARECHAL, réceptionneur-attaquant de Poitiers, suspendu pour la finale : « J’ai été crispé du début à la fin de ce match ! Je suis hyper content pour l’équipe, le club… même si je n’ai pas joué la finale. Cette saison, on a vécu des moments vraiment difficiles, notamment avec ma suspension. C’est une super récompense. Les deux équipes ont été vraiment remarquables et je pense qu’on a réussi à gagner grâce au block. »
Jean-Philippe SOL, central de Poitiers, élu MVP du match : « Il fallait qu'on soit à 100% de nos capacités pour battre cette équipe de Tours et on l'a été. Sur le match, il n'y a pas beaucoup de différences. On a surtout su rester concentrés sur notre sujet. MVP ? C'est anecdotique, c'est une récompense individuelle. Je préfère retenir ce premier titre de champion de France, mon premier titre tout court !Vu la saison que nous avons vécu, c'est énorme.On a vraiment été au bout de nous-mêmes. »
Oliver KIEFFER, central de Poitiers : « C'est la finale que tout le monde attendait... On a eu des galères cette saison, mais ces mecs sont en or. Beaucoup d'équipes se seraient écroulées avec ce qui nous est arrivé, pas nous. Cela rend la victoire encore plus belle. »
Nuno PINHEIRO, passeur de Poitiers : « On a été bien en place au block-défense, c'était la clé du match. Je crois qu'on a su accepter quand cette équipe de Tours a été super forte. Mais, derrière, nous n'avons jamais lâché. C'est vrai qu'avant le quart de finale retour à Nantes, personne ne donnait nous voyait aller en finale, encore moins la gagner. Tous les événements de la saison ont rapproché le groupe. »
Antonin ROUZIER, pointu de Poitiers : « C'est énorme de partir sur un match comme celui-là. Cette finale, on est allé la chercher, surtout avec la saison de dingue que nous avons connue. Nuno, Olivier, Jean-Philippe... Ce sont des mecs supers, ça va faire bizarre de ne plus les croiser la saison prochaine. J'ai signé il y a trois jours en Pologne, à Kedzierzyn. »
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lundi 23 décembre