Aujourd'hui
Bien qu’atténuée par deux médailles, européenne et mondiale, la déception olympique de Brian Joubert a eu du mal à cicatriser. Mais le Poitevin a encore de l’énergie à revendre. A 26 ans, il s’avoue mûr et plus ouvert au dialogue et à la critique. Confessions…
Brian, ces « putains de merde de JO » (*) sont-ils totalement évacués de votre esprit ?
« Avec l’âge, j’apprends à relativiser. Visiblement, les JO et moi, ça fait deux. Mais j’ai tourné la page Vancouver. Difficilement, mais je l’ai fait. »
Cette désillusion a-t-elle été plus délicate à vivre que l’échec précédent de Turin ?
« Non, dans le sens où avant le programme long de Turin, j’étais 4e et donc médaillable. Au Canada, mon court avait été tellement désastreux que je n’avais plus rien à ambitionner. Ce qui m’a fait le plus mal, ce sont les commentaires. Ici, à Poitiers, dans ma ville, certains n’ont pas hésité à me traiter de minable en me voyant entrer dans la patinoire. J’avais envie de leur rentrer dedans, mais à quoi bon. Ça aurait servi à quoi de s’expliquer ou, pire, de se battre avec des mecs pareils. »
Avec le recul, qu’est-ce qui vous a manqué en 2010 ?
« La même chose qu’en 2009 : du sérieux. Avec, en plus, une préparation écourtée, du fait de ma blessure au pied à l’automne 2009. Mais pour tout vous avouer, je ne sais pas si, à 100% de mes moyens physiques, je serais monté sur le podium. Lorsque j’ai été champion du monde en 2007, je m’entraînais le matin. Ces deux dernières années, je n’ai fait que des conneries. Je n’ai pas voulu écouter ceux qui m’aimaient et me conseillaient. J’ai fait à mon idée et je me suis planté.»
Là, vous avez retrouvé la glace le matin…
« C’est indispensable. J’ai fait mon mea culpa et j’ai retrouvé la gnac. Avec Véro, on se parle beaucoup, on tire dans le même sens. C’est hyper constructif. »
Entre la Véronique Guyon de 2005, l’année de votre séparation, et celle d’aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ?
« Elle est comme moi, elle a mûri. Elle aussi a mis de l’eau dans son vin. Avec elle, c’est oeil pour oeil, on se dit tout, sans tabou. A l’époque, on partait vite au clash. Là, on se redécouvre, avec un retour aux bases de la technique. Mes précédents entraîneurs n’étaient pas de purs techniciens. Avec Véro, je reviens à la source. »
Tout en vous dirigeant vers des programmes plus classiques, diriez-vous cela ?
« Dans l’esprit, ils le sont. Le court, construit sur la musique de Desperados, est un flamenco enlevé. Le long, eh bien oui, c’est du Beethoven. Aller vers le classique, c’est un gros changement pour moi. Mais je me surprends à aimer ça. J’espère que les juges aimeront aussi. »
Du 23 au 30, vous vous présenterez aux championnats d’Europe de Berne. Quelles sont vos ambitions réelles?
« Malgré une chute et une douleur au genou, survenues pendant les fêtes à Courchevel, je suis en bonne forme physique. Mentalement, le titre national m’a fait beaucoup de bien. Je sais que le manque de confrontation internationale cette saison peut paraître handicapant, mais je ne me focalise que sur moi. Il y a déjà assez à faire. Les «Europe », c’est clair, j’y vais encore pour gagner.»
Et deux mois après, il y aura les mondiaux. A Tokyo, au pays de vos fans, là où vous avez décroché le titre en 2007…
« J’y pense, bien évidemment. Quatre ans après, ce serait génial. La concurrence sera tout autre. Mais je n’aurai pas de pression. Du stress, mais pas de pression. Je verrai le moment venu si je dois tenter deux quads sur le long. A Prague, c’est certain, ce sera un seul, le piqué. Mais je ferai aussi, pour la première fois, deux « triple axel ». Il faut que ça paie. Ça va payer. »
(*) Devant les caméras du monde entier, Brian Joubert s’était ainsi exprimé dans l’attente de recevoir ses notes du programme court de Vancouver.
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