Aujourd'hui
Une pilule difficile à avaler
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 14 décembre 2010Après quatre mois d’existence, les Pass’Contraception n’ont pas encore réellement trouvé leur public. Les médecins généralistes, chargés de leur délivrance, affichent leur scepticisme.
Dix mille exemplaires en cabinets médicaux, quarante-quatre délivrés en Poitou-Charentes, vingt dans la Vienne. Le constat est limpide: la distribution du Pass’Contraception tarde à trouver son rythme de croisière.
Il y a quatre mois, les espérances s’affichaient pourtant en grand. En offrant un accès gratuit et discret à la onsultation, la prise de sang et la contraception, la Région, initiatrice du projet, relevait le pari de la sensibilisation. A la nécessité de la « protection sexuelle » des adolescentes et à l’obsession de réduire le nombre d’interruptions volontaires de grossesse. Le pli n’a pas encore été pris. Rien ne dit qu’il ne le sera pas un jour. Les généralistes, eux, en doutent. «Ce dispositif n’apporte rien de plus au système actuel, éclaire ainsi le Dr Philippe Boutin, président de la toute nouvelle URPS, Union régionale des professionnels de santé. L’argument de la gratuité n’est pas valable. Car, de toute façon, la patiente sera remboursée par la Sécurité sociale. »
Le médecin poitevin va plus loin dans son analyse. « Le débat sur l’anonymat n’a pas lieu d’être, insiste-t-il. Une jeune fille ne peut pas aller continuellement en catimini chez son médecin. Il faudra bien cesser, un jour, les consultations sous le manteau. »
Sur le long terme
Philippe Boutin l’affirme : aucune patiente ne l’a sollicité pour l’obtention d’un Pass. « J’ai consulté une trentaine de collègues autour de moi, ils sont tous dans mon cas. » Pour eux, il n’est de contraception plus efficace que la prévention sur le long terme. « Les médecins sont les interlocuteurs privilégiés des jeunes femmes qui débutent une vie sexuelle, martèle le Dr Boutin. Mais ils le sont aussi des femmes plus mûres. La prévention et la sexualité sont les fondements d’un dialogue durable. » Et la fameux Pass, alors ? « Ce n’est que du « one shot » », fustige
le praticien.
Le propos fera sans doute sursauter Françoise Petit, Claire Gaillard et Nicette Bouquet. Car pour ces militantes du Planning Familial de Poitiers, le Pass’Contraception est, au contraire, « très utile, bien qu’imparfait ». « Les jeunes filles, expliquent-elles en choeur, peuvent faire seules la démarche d’obtenir une contraception, sans en parler à leurs parents. Et ça, c’est une excellente chose. Encenser le dialogue entre les adultes et la jeune fille, c’est voyager au pays des Bisounours. La vie sexuelle des enfants ne regarde pas la famille. » Elles assènent : « Les médecins ? Tu parles, ils ne savent pas parler de sexe. »
En quoi, alors, le Pass régional pèche-t-il ? La réponse est cinglante : « Ses créateurs font trop le rapprochement entre contraception et IVG. La majorité des femmes qui vivent un avortement sont sous contraceptif, il faut le savoir. » Les bénévoles du Planning se lâchent une dernière fois: « L’avortement n’est pas un acte dramatique en soi. Il faut cesser de le diaboliser car c’est une solution plutôt qu’un problème. » Chacun appréciera… Ou pas !
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