Aujourd'hui
Des tripes sauce poitevine
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : vendredi 12 novembre 2010Crispé par l’enjeu et rapidement privé des services de Tommy Gunn, le Poitiers Basket a dû puiser dans ses ressources pour s’offrir le scalp de Vichy (67-62). L’essentiel est fait.
Rien de tel qu’une bonne remontée de bretelles pour vous obliger à desserrer la ceinture. Le désastre dunkerquois à peine digéré, les troupes de Ruddy Nelhomme n’avaient d’autre choix que de faire bombance, ce samedi, face à un hôte tout aussi mal lôti qu’elles à la table des se(a)igneurs de Pro A.
Les plus beaux festins sont généralement servis par des hors-d’œuvre dignes de ce nom. On eût aimé qu’ils le soient, pour des Poitevins repentants et prétendument affamés. Las, les agapes tournaient rapidement vinaigre, l’indigence à mi-distance rivalisant trop souvent avec la somnolence au rebond.
Dans son malheur, le PB 86 pouvait au moins compter sur son invité pour ne pas profiter de ses largesses. Pire, la JAV se montrait encore plus anémique, incapable, à l’image de Reid, de trouver le cercle.
Au petit jeu du « je-suis-moins-mauvais-que-toi », Poitiers s’en sortait alors à bon compte, en toisant l’opposant de sept longueurs au virage du premier quart (17-9). Les ronronnements des débuts se concrétisaient pourtant au retour sur le parquet. Toujours aussi maladroits, les deux protagonistes poussaient la crispation à son paroxysme. La sortie sur blessure de Gunn (entorse de la cheville) n’arrangeait rien aux affaires du PB, qui suait sang et eau pour maintenir l’embarcation à flot.
Sans génie mais batailleur, le visiteur se refaisait, lui, la cerise. Sous l’impulsion de Larrouquis, le meilleur homme de la première période, il récoltait même le fruit de son labeur en prenant la tête à la sirène de la pause (31-32).
Wright remet les gaz
Coup de massue pour Younger et les siens, qui voyaient bientôt Reid et sa bande sortir de leur torpeur. Le lilliputien US s’extrayait lui-même de sa boîte et piquait au vif à trois points (31-38). Larrouquis l’imitait et Poitiers buvait le bouillon (31-41, 24e).
Quel ingrédient Ruddy Nelhomme pouvait-il alors ajouter à cette sauce fadasse pour relever le repas ? Rien mon général. Car les siens persistaient à s’engluer dans la marmelade. Passes ratées, shoots ratés, partie ratée !
Les missiles longue portée de « Maître Rasheed » entretenaient la flamme (38-47) mais l’ensemble continuait d’avoir un goût amer. D’autant plus amer qu’en face, le plat proposé n’avait rien de relevé. Oh non, vraiment rien !
Dans ce magma d’imprécisions, peut-être revenait-il au chaudron de Saint-Eloi d’épicer les débats. Or le sixième homme s’y connaît pour faire bouillir la marmite. Dans sa bonté, il emmenait illico ses ouailles à confesse. Un lancer-franc de Wright expiait les premiers péchés après un retour d’enfer (57-56, 37e).
Toujours aussi insipide dans le jeu, l’orgie se gonflait soudain d’une formidable montée d’adrénaline. A deux minutes pile du verdict, Poitevins et Vichyssois étaient encore dos à dos (59-59). Le dessert s’avérait insoutenable, les combats au rebond homériques. Mais, désormais, le PB tenait le bon bout. Un ultime coup de fourchette de Wright au lancer franc fendait définitivement la cuirasse adverse (67-62). Suffisant pour s’éviter quelques aigreurs d’estomac. Sûr que pour Vichy, la pastille sera plus dure à avaler.
La fiche technique
A Poitiers (Saint-Eloi). Poitiers Basket 86 bat JA Vichy 67-62 (mi-temps : 31-32). 2296 spectateurs. Arbitrage de MM. Bissang, Mortz et Gueu. Score par quart-temps : 17-9, 14-23, 14-20, 22-10
La marque
PB86 : Gunn (0), Wright (26), Badiane (5), Ona Embo (12), Younger (8), puis Guillard (11), Gomez (0), Fournier (4), Devéhat (0), Costentin (1)
VIchy : Sumpter (5), Larrouquis (20), Shuler (4), Reid (5), Aka (2), Djimrabaye (0), Gmar (0), Eito (6), De Jong (5), Lewin (15)
Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB 86) : « Ce soir, on doit retenir la victoire, qui était très importante. Dans l'ensemble, on a fait un match plein de doute et de frustration. Vichy a trouvé pas mal de solutions au début de la deuxième période, mais a eu les ressources pour revenir. Il faut que l'on soit plus consistants que cela. La défaite face à Paris nous met en porte-à-faux. Dans un monde idéal, il faudrait aller chercher une victoire sur les deux déplacements à suivre à Orléans et Villeurbanne. »
Jean-Philippe Besson (entraineur de Vichy) : « On leur donne le match. A +12, on a changé notre stratégie en prenant beaucoup de tirs longue distance. C'est très frustrant, car les gars ont fait l'effort pendant trente minutes. IL n'y a pas de secret, on ne peut pas gagner un match en marquant 62 points. »
Carl Ona Embo, meneur du PB 86 : « Cette victoire est un gros soulagement. On démarre bien le match, mais on s'endort après. On a quand même su revenir avec nos tripes. Maintenant, il faut qu'on arrive à rester concentrés pendant quarante minutes. »
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