Hier
Bernard André Hyacinthe Tomasini. 62 ans. Préfet de Région. Fort en gueule… attachant.
Hall d’accès du bureau du préfet. Au mur, ces ciselures dans le marbre s’affichent comme un clin d’œil. Comme ses trois prédécesseurs au poste, le « tenant de la boutique » se prénomme Bernard.
Du haut de ce «mémorial», plus de deux siècles de procession républicaine le contemplent. Lui ne fréquente la maison Poitou-Charentes que depuis deux ans. «C’est une durée moyenne pour un préfet de Région. Ce matin, en Conseil des ministres, on pourrait très bien décider pour moi, m’appeler et me dire : «prépare tes valises, tu es muté ».»
Ainsi va la vie d’un dignitaire de l’Etat. Soumise à la mobilité. Rompue à la remise en question. Dirigée par l’intérêt supérieur. Bernard Tomasini a, semble-t-il, les épaules suffisamment larges pour supporter le poids du sacerdoce. La mission qui lui a été confiée aujourd’hui ne l’émeut guère. Bien au contraire. «Suite à un sondage réalisé auprès de la population, le ministère nous a demandé d’ouvrir nos portes à la presse et d’ainsi faire mieux connaître la journée-type d’un préfet de Région.»
« Ma règle, c’est de dire la vérité, même si elle n’est pas bonne à entendre »
Les plumitifs sont à l’heure au rendez-vous. Accrochés à l’espoir que les artifices institutionnels laisseront bientôt place à des confessions plus intimes. Croissants et café ont été oubliés. Normal ! Le temps presse. Le marathon préfectoral a débuté à l’aube sur un entretien informel avec le directeur de cabinet. Il se terminera tard dans la nuit, sur l’inauguration du centre d’information et de commandement de la Sécurité Publique au commissariat de Poitiers et sur une virée avec la Bac dans les rues de Châtellerault.
En plats de résistance, tour de table hebdomadaire avec les sous-préfets du département, le commissaire à la réindustrialisation et le secrétaire général aux affaires régionales. L’agenda local est dépoussiéré. Passionnant !
La «bunkerisation» mensuelle avec les préfets des Deux-Sèvres, de Charente et Charente-Maritime échappe à l’observation des plumitifs. Secret défense. A l’heure de la digestion, les grands débats du comité d’administration régionale prennent le relais pour un après-midi languissant…
« Je me considère comme un généraliste de la polyvalence »
Vue de l’extérieur, elle n’est pas passionnante la journée du préfet. Lui s’en offusque. «Ce qui me fait avancer, c’est la polyvalence. On présente le préfet comme l’homme de la sécurité, mais ce n’est qu’une partie infime de notre travail. Moi, j’aime être sur le terrain, aller à la rencontre des entreprises, des salariés, des gens qui ont des choses à dire. Je n’ai pas la prétention d’être spécialiste de tout, je me considère plus humblement comme un généraliste de la polyvalence. C’est mon moteur. »
A l’écouter commenter, acquiescer ou reprendre ses collègues, on comprend vite que Bernard Tomasini connaît ses dossiers sur le bout des doigts. On le dit fort en gueule, on le découvre transigeant, presque attachant. Affronter -pour mieux expliquer et comprendre-, les manifestants agriculteurs ne le dérange pas. Parlementer avec l’intersyndicale pour évoquer le futur des retraites lui fait monter l’adrénaline. Le gaillard préfère à l’évidence le combat à l’évitement. «Ma règle, c’est de dire la vérité, même si elle n’est pas bonne à entendre. Si on dit non sans cesse, si on ne discute pas, on ne construit rien.»
A 62 ans, le roc Tomasini semble indestructible. Direct, assurément. Honnête, sans doute. Et «corvéable à merci, 365 jours sur 365», conclut-il. Un quart de siècle après avoir aiguisé ses premières lames républicaines au cabinet de Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, Tomasini regarde droit devant, sans ciller. Confiant dans l’avenir que lui réserve sa fonction. Ailleurs plus qu’ici. Car ici, ses jours sont comptés. Combien d’autres Bernard reste-t-il dans l’antichambre ?
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jeudi 21 novembre