Aujourd'hui
Pour la première fois depuis dix ans, l’Ecole supérieure de commerce de Poitiers ne fait pas fait le plein à la rentrée. Il manque 153 étudiants en première année sur un effectif avoisinant habituellement les 560 élèves. Conséquence : Tamym Abdessemed a été évincé de la direction générale du groupe propriétaire de l’école, mercredi dernier.
Le Parisien du 31 mai 2010 dévoilait son palmarès des Grandes écoles de commerce les plus populaires auprès des élèves de classes préparatoires. L’Escem, école supérieure de commerce et de management de Poitiers-Tours, se classait alors onzième sur une trentaine d’écoles, au même niveau que les majors de Toulouse et de Rouen. À l’époque, la direction de l’établissement se félicitait d’avoir gravi un échelon dans cette hiérarchie. Comment expliquer alors que, dans une telle situation favorable, l’école poitevine n’ait pas réussi à attirer le nombre d’étudiants habituel en cette rentrée ? Dans le contingent de 285 places en première année réservées aux « classes prépa», il reste officiellement 120 chaises disponibles. Mais ce n’est pas tout. Si les 140 sièges proposés aux titulaires d’un Bac+3 ont été pourvus, seules 107 des 140 places dédiées aux étudiants de BTS et de DUT (Bac+2) ont trouvé preneurs. En résumé, 153 étudiants admis ne se sont finalement pas inscrits en septembre.
Une perte de 3,6 M€
La perte du label Equis, le 25 novembre 2009, est sans aucun doute la cause de cette désaffection. Privée de cette distinction, l’Ecole s’est retrouvée dépossédée de toute reconnaissance européenne. « Nous avons émis un appel suspensif. Un nouvel audit sera mené d’ici la fin 2010. En attendant, nous conservons le label », s’empresse d’ajouter le directeur de l’ESC, Jacques Chaniol. Reste que le mal est fait. Et les rumeurs se diffusent très vite parmi les étudiants. Le calcul est rapidement effectué. Cette aventure aura provoqué une perte sèche de 3,6 millions d’euros au Groupe Escem, propriétaire de l’ESC Poitiers-Tours. Bien sûr, l’Ecole aurait pu piocher sur la liste complémentaire d’étudiants admissibles, au niveau plus faible, pour compléter ses effectifs. Mais sa renommée aurait été gravement entâchée. « Nous avons préféré la qualité à la quantité», souligne Jacques Chaniol. Quitte à puiser dans sa trésorerie. Avec un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros, le Groupe bénéficierait d’une situation financière saine. Néanmoins, la direction ne cache pas que plusieurs projets d’investissement seraient en suspens. Victime de ces mauvais résultats, Tamym Abdessemed a été évincé, mercredi dernier, de la direction générale du groupe Escem. Les deux chambres de commerce de la Vienne et de Touraine (partenaires financiers de l’école) auraient « poussé » en ce sens. Arrivé à la rentrée 2008, ce diplômé d’HEC a été remplacé par le directeur général des services de la CCI à Tours, Pascal Rivet, en attendant l’arrivée d’un remplaçant. De son côté, François Duvergé fait son grand retour. A la retraite, l’ex-directeur général de l’Escem (pendant sept ans) revient pour occuper, cette fois, la présidence du conseil d’administration. Ainsi que pour rassurer personnels et… étudiants.
Des étudiants sereins
Vendredi, jour de rentrée des premières années de l’ESC, Pauline et Matthieu ne semblaient pas particulièrement inquiets de la perte potentielle du label Equis : « Originaires de Strasbourg, nous avons été d’abord attirés par le campus bilingue de Poitiers. » De la même façon, Vivien reste convaincu que « les employeurs ne tiennent pas compte de cette certification ». Un point de vue que nuance Natacha, en deuxième année : « A l’étranger, l’Escem n’est pas connue tandis que l’Equis reste une référence.» Une chose est sûre : au sein de l’Ecole poitevine, tout le monde espère regagner ce label en 2011.
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