Aujourd'hui
Chaque région dispose de gendarmes spécialisés dans la cybercriminalité. Frédéric Ibanez officie en Poitou-Charentes. Rencontre.
Dans la corporation, on les appelle les “N-Tech”. Ce sont ces gendarmes du net, formés pour réprimer une nouvelle typologie de crimes et délits : la cybercriminalité. Depuis 2001 et la décentralisation du service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD), basé à Rosny-sous-Bois (93), chaque région dispose d’une intenne. À la caserne d’Aboville de Poitiers, ils sont deux, dont Frédéric Ibanez, arrivé il y a deux ans de Parthenay. Hormis son blouson siglé “Section Recherche”, qu’il sort au besoin du placard, difficile d’imaginer que ce gendarme concentre ses efforts sur les infractions du net. Féru d’informatique, Frédéric a répondu à un appel à volontaires, passé un entretien d’embauche et suivi une formation de deux mois pour acquérir ce statut. “Aujourd’hui, dit-il, on fait surtout de l’auto-formation, en plus du séminaire annuel.” Son collègue et lui passent le plus clair de leur temps à scruter des “ordis”, téléphones, disques durs, webcams et caméscopes en quête de “la preuve numérique de l’infraction”. La plupart des “affaires” relèvent de l’escroquerie en ligne (le “phishing”), mais surtout de la pédo-pornographie. Alors forcément, Frédéric, professionnel devant l’Eternel, passe en revue les collections de photos par milliers des monomaniaques régionaux. Et il y en a… “Il faut prendre du recul, même si on a parfois l’impression de voir ses enfants…”
Recrudescence d’escroqueries
Les “N-Tech” n’enquêtent que sur des faits constatés, après les plaintes des victimes. Seuls leurs collègues de Rosny font de la veille. “Ils ont du boulot, avec la recrudescence d’escroqueries que nous constatons…”, précise le capitaine Audrey Nouts, officier de communication de la région de gendarmerie de Poitou-Charentes. Avec Forensic, logiciel d’investigation informatique que tout un chacun peut acquérir, les “N-Tech” opèrent en remontant les chaînes de mails d’escroquerie, les réseaux d’échanges Peer to Peer, ou encore les sites hébergeant les fichiers illicites. Jusqu’à obtenir l’adresse IP ou les coordonnées bancaires pour identifier les individus malveillants. Quand c’est encore possible… “Ce n’est pas souvent, mais il arrive qu’on échoue, lorsqu’on atterrit par exemple sur des sites hébergeurs étrangers.” Il n’y a pas une semaine, jure Frédéric, sans que son téléphone ne sonne pour une affaire d’escroquerie. Et pourtant, beaucoup hésitent encore à appeler la gendarmerie, par honte de s’être fait berner. Alors les “N-Tech” usent d’un recours qui a déjà fait ses preuves : la prévention.
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