Aujourd'hui
Bien que désignée favorite par les sondages, Ségolène Royal aura bien du mal à rééditer sa performance du 1er tour de 2004. La division des forces de gauche et l’opposition, à droite, d’un ministre du gouvernement, ont réduit sa marge de manœuvre.
« Je me battrai jusqu’au bout pour cette région. » Les mains tendues ces dernières semaines par les médias nationaux n’y auront rien fait. De son camp retranché de Poitou-Charentes, Ségolène Royal s’affiche plus régionaliste que jamais, repoussant de répliques acérées la moindre allusion aux présidentielles 2012 et aux primaires qui se dessinent à l’horizon des projections socialistes.
Les analystes de tout poil ne sont pas dupes, comme une majorité d’électeurs sans doute, sur les desseins à terme de la candidate déçue de 2007. Mais est-ce une raison pour la suspecter d’usurpation ? Par-delà le bilan de son premier mandat, érigé tout entier en référence de campagne, son attachement à ses terres frappe l’évidence, tout comme semble sincère son engagement à la cause de ses concitoyens. « Ca, on ne peut pas lui reprocher de ne pas se décarcasser, » reconnaît un élu PS local pourtant peu amène à l’égard de la Dame du Poitou et de ses « principes de gouvernance narcissique. » « Et après tout, ajoute-t-il, Ségolène ne serait pas la première, y compris en Poitou-Charentes, à cirer le marchepied régional pour mieux glisser vers de hautes ambitions nationales. Cela se conçoit. »
Dispersion à gauche
Elle-même n’a de cesse de le dire : « Il y a un temps pour chaque chose ». Celui du combat est en marche. Pour la croissance verte. Pour la structuration des lycées. Pour la lien social. Mais aussi et surtout contre la tempête d‘une opposition devenue acide et velléitaire.
La présidente ne saurait se bercer d’illusions : les 46% de suffrages accordés à sa faluche au premier tour de 2004 ne seront cette fois-ci pas atteints. Car le vent ne souffle pas que sur les côtes. Il est entré dans les terres.
Les tentatives de ralliement des Verts et des partis de Gauche étant restées lettre morte, la dispersion des voix promet une belle foire d’empoigne.
La droite et le poids lourd outsider Dominique Bussereau peuvent-ils en profiter ? C’est là l’un des enjeux majeurs de ce scrutin régional. Si les primes réticences du président du « CG17 » ont convaincu l’opinion publique d’un parachutage en règle, l’homme jouit d’un statut de ministre « indéboulonnable » et de chef de vaisseau estimé dans ses contrées maritimes. Sa force de frappe devrait en toute logique s’avérer supérieure à celle d’Elisabeth Morin il y a six ans.
De récents sondages lui octroieraient entre 28 et 30% de faveurs contre 35% à la liste Royal et 15% au pavillon écologiste de Françoise Coutant, sans doute plus à même de jouer les arbitres que le Front National de Jean-Marc De Lacoste Lareymondie, accaparé par la seule obsession des 10% mobilisateurs. « L’important, c’est que je sois en tête le 14 mars », a lâché dernièrement la tenante du titre. Tout point supplémentaire pris à la sortie des urnes ne saurait que renforcer ses ambitions. Avant la grande mascarade des reports et des alliances, dont on peine malgré tout à imaginer qu’elle lui soit contraire.
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