Aujourd'hui
Championnat d’Europe en janvier. Jeux Olympiques en février. Championnat du Monde en mars. Les travaux s’amoncellent. Et au milieu coule une rivière. Brian Joubert. 25 ans. Insouciant devenu sage.
Brian, quelle importance accordez-vous aux championnats d’Europe de Tallin, à moins d’un mois des JO de Vancouver ?
« Je mentirais en affirmant que le sommet olympique n’occupe pas déjà mes pensées. Mais je dois en faire abstraction et ne me focaliser que sur l’immédiat. Le championnat d’Europe, c’est un peu mon jardin. Quatre titres, sur mon palmarès, ça ferait mieux que trois. Si je peux l’accrocher, je ne m’en priverai pas. Et puis, quand je vois le plateau, avec les retours notoires de Plushenko et Lambiel, ça me donne envie de me surpasser.»
Votre début de saison a été perturbé par cette opération au pied. Où en êtes-vous ?
« Le pied, c’est de l’histoire ancienne. Je ne ressens plus aucune gêne. En revanche, j’ai eu des lendemains de fête difficiles à Courchevel, où j’ai passé dix jours. J’ai chopé une espèce de gastro qui m’a mis sur le flanc. Disons que ça va beaucoup mieux, mais je m’estime encore à 70% de mes moyens. »
Justement, ces pépins ne constitueront-ils pas un frein à vos ambitions en Estonie ?
« Le plus embêtant, avec ma blessure au pied, c’est que je n’ai pas pu participer à la finale du Grand Prix. J’avais prévu d’y tenter trois quadruples sur mon programme long, jauger l’adversité et poser des jalons pour la fin de saison. Du coup, les « Europe » vont me servir de répétition pour les JO. Face à la pression, face à la concurrence, je vais enfin savoir où j’en suis. Même si j’ai conscience qu’il ne sert à rien d’être au taquet dès janvier, je jouerai le jeu à fond. J’ai besoin de marquer des points aux yeux de mes adversaires et des juges. »
Justement, ces juges-là, ce ne sont toujours pas vos amis ?
« Bah, je crois que ça ne changera pas. Regardez le tenant du titre mondial, Lysacek. La seule fois où il a tenté le quadruple en compétition, il s’est retrouvé 8e mondial. Et Buttle, avant lui, a fini 6e. Moi, je veux bien tenter tous les quads du monde, mais j’en ai marre que la prise de risque ne soit pas mieux rémunérée. Dès lors, je verrai bien, aux « Europe » et aux « JO », comment j’ajusterai mes compositions. Car à l’usure, la peur de tomber devient plus forte que le plaisir d’oser. Il y a quatre ou cinq ans, je n’en avais rien à faire. Aujourd’hui, je me pose plus de questions. »
Vous dites déjà penser au Jeux Olympiques. Avez-vous conscience d’être attendu apr tout un peuple ?
« Oh là là, je ne le sais que trop. Il suffit de se rappeler ce qui m’était tombé sur le coin de la figure après la 6e place de Turin pour comprendre qu’un nouvel échec serait difficilement pardonné. Je vis avec la pression depuis des années. A Vancouver, elle sera décuplée. Mais je ne vais pas me faire tout petit. J’ai une chance, comme beaucoup d’autres. Si c’est mon jour, j’aurai une médaille. La plus belle, qui sait ? »
À lire aussi ...