Alimentation : Poitiers fait son 
marché en local

Plus de denrées du terroir, c’est le credo de la Ville de Poitiers, qui vient d’attribuer les marchés de restauration collective pour les quatre prochaines années. La collectivité veut atteindre dès 2026 50% de produits locaux ou bio.

Arnault Varanne

Le7.info

Quarante-six lieux de restauration, 6 500 repas par jour, 1,2 million chaque année, une enveloppe annuelle de 3,5M€... La restauration collective est un poste de dépense important pour Poitiers et « le principal levier pour garantir l’accès à une alimentation de qualité et durable », dixit Léonore Moncond’huy. La maire de la Ville a donc accueilli récemment « avec grand plaisir » quelques-uns des producteurs retenus dans l’appel d’offres 2025-2028. Ils sont 
43 fournisseurs, dont 29 de l’ex-Poitou-Charentes, à nourrir au quotidien les scolaires comme les seniors à partir de denrées bio et/ou locales. 
« Nous étions à 43,66% en 2024, notre volonté est d’atteindre 50% dès 2026 », abonde l’élue.

« La relation 
est historique »

A l’autre bout de la chaîne, des entreprises de la Vienne telles Blas’Lait (Blaslay), le Fournil d’Elina (pain, Poitiers) ou Gargouil (jus, Charroux) se félicitent de cette offensive publique, conforme -et même un peu plus- à la loi EGalim de 2018. Les autres aussi ne boudent pas leur plaisir ! A l’image du producteur de lait vendéen Auprès des laitiers. 
« Il y a eu une grosse chute de la demande après le Covid, mais ça va mieux depuis un an et demi pour le bio et le local », confirme Nicolas Blanchard. Comme sa collègue deux-sévrienne Edwige Mathis, l’agriculteur passe par la plateforme Mangeons bio ensemble Poitou-Charentes pour toucher les collectivités. « Avec Poitiers, nous sommes en marché depuis dix ans, la relation est historique, se réjouit Armelle Bricaud, chargée des marchés publics à la Scic (Société commerciale d'intérêt collectif). Chaque année, nous augmentons les volumes et nous arrivons à relocaliser une partie de l’offre. »


« Travailler sur les bonnes quantités »

« Ce qui se passe ici est assez exceptionnel », reprend Nicolas Blanchard. Edwige Mathis, elle, réalise « 15% » de son chiffre d’affaires avec Poitiers, essentiellement dans la fourniture de yaourts et crèmes dessert. Plus largement, Mangeons Bio ensemble Poitou-Charentes se définit comme « un partenaire et pas simplement comme un intermédiaire ». Les chiffres de la Scic basée à Bressuire (+20% de chiffre d’affaires en un an) montrent que la mise en relation entre agriculteurs locaux et acheteurs publics fonctionne. Reste un écueil, financier, lié à l’inflation. L’enveloppe financière n’est pas extensible à l’infini, d’où la nécessité de 
« travailler sur les bonnes quantités », conclut Julie Fontaine, adjointe à la Restauration collective. 

Une pesée dans trois écoles
Charles-Perrault, Condorcet et Jacques-Brel. Dans ces trois écoles poitevines, des agents de la Ville procèdent depuis le 1er février à des pesées alimentaires en fin de service, cela « pour une durée de trois mois ». « L’objectif est d’évaluer le gaspillage alimentaire pour tenter de le réduire », avance Julie Fontaine, adjointe à la Restauration collective. Nous regardons ce qui a été mangé ou pas. De nouveaux aliments entrent dans la composition des menus, ils ne sont pas toujours connus des enfants ou à leur goût. Nous essayons d’être attentifs à la manière de les cuisiner. » L’expérimentation a vocation à se généraliser.

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