Une loi contre les polluants éternels

La députée poitevine Lisa Belluco et le groupe écologiste à l’Assemblée nationale ont obtenu jeudi dernier l’adoption d’une loi sur les Pfas. Un projet d’envergure faisant de la France une pionnière en Europe dans la lutte contre ces polluants éternels.

Charlotte Cresson

Le7.info

C’est une première dans l’Union européenne. Jeudi 
20 février dernier, les députés ont adopté la proposition de loi portée par les écologistes Nicolas Thierry et Lisa Belluco, visant à restreindre l’utilisation des substances per- et 
polyfluoroalkylées, communément appelées Pfas. L’unanimité était proche avec 231 votes pour et 51 contre. Ce vote historique permet de placer « la France à l’avant-garde » en matière de défense de l’environnement et de santé estime la députée de la 1re circonscription de la Vienne. Soutenu par l’exécutif, le texte avait été adopté en première lecture à l’Assemblée le 4 avril 2024 avant la dissolution repoussant les discussions. Parmi les mesures proposées, l’interdiction, à partir du 1er janvier 2026, de la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché de cosmétiques, chaussures, habits, produits imperméabilisants ou encore farts de ski qui contiennent des Pfas, leur contrôle obligatoire dans l’eau potable par les autorités ou encore l’instauration d’une taxe pollueur-payeur pour les industriels qui utilisent des Pfas afin de contribuer à financer la dépollution de l’eau. 


« Un sujet de santé publique »

Derrière le nom barbare de per-et polyfluoroalkylées se cache 
« une large famille de plusieurs milliers de composés chimiques aux caractéristiques spécifiques tels que la résistance aux fortes chaleurs ou encore des propriétés antiadhésives et imperméabilisantes, indiquent les services de la Dreal Nouvelle-Aquitaine. Extrêmement persistants, les Pfas sont très peu biodégradables et se retrouvent dans tous les compartiments de l’environnement. » Ainsi, ces polluants éternels ont été retrouvés en forte concentration dans l’eau en France, notamment dans des communes de l’agglomération de Poitiers en janvier dernier. A travers son combat pour l’adoption de cette loi, Lisa Belluco souhaite agir sur ce qu’elle considère être « un sujet de santé publique ». Pour alerter sur ce problème, la députée et une dizaine de Poitevins s’étaient d’ailleurs prêtés à un test en 2024 (cf photo). Résultat : tous avaient des traces de Pfas dans l’organisme, dont du PFOA, pourtant interdit dans l’UE depuis 2019. 


« Un premier pas »

Scandale sanitaire aux Etats-Unis depuis les années 2000, les polluants éternels sont en revanche très peu connus en France. Enfin… « On en parle depuis peu de temps mais cela fait longtemps que l’on sait que le Téflon est nocif dans les casseroles par exemple. Quelque part, on savait », 
précise Lisa Belluco. Invités à trouver des alternatives aux Pfas avec cette loi, certains lobbys industriels ont mené la vie dure aux écologistes, les poussant par exemple à retirer les mesures concernant les ustensiles de cuisines. Certaines entreprises, en revanche, revendiquent fièrement le fait de ne pas utiliser de polluants. « Les publicités de marques prônant des ustensiles sans Pfas sont récentes. » C’est notamment le cas de L’Arbre Vert, à Saint-Benoît, qui « n’intègre pas de Pfas dans [ses] produits » 
et démontre ainsi que des alternatives sont possibles. Pour la parlementaire poitevine, cette loi est « un premier pas » vers une meilleure protection de la population.

À lire aussi ...