La greffe de 
la seconde chance

C’est une première au CHU de Poitiers. Une patiente devenue infertile après le traitement de son lymphome a pu bénéficier d’une greffe de fragments ovariens. De quoi renforcer ses chances de donner naissance à un enfant.

Romain Mudrak

Le7.info

A 24 ans, Rosalie(*) a suivi une chimiothérapie pour soigner un lymphome de Hodgkin. Si ce traitement s’est révélé particulièrement efficace pour vaincre la maladie, il l’a également rendue infertile. Toutefois, elle a pu bénéficier au préalable d’une solution de préservation, comme c’est désormais la règle dans ce genre de situation. L’équipe du service de médecine et biologie de la reproduction du CHU de Poitiers a pu prélever l’un de ses ovaires dans la perspective d’une greffe ultérieure.

Placés dans des cryotubes contenant une solution destinée à figer les cellules, ces fragments ovariens ont ensuite été plongés dans l’azote liquide à -196°C. Six ans plus tard, en 2024, Rosalie et son conjoint ont émis le souhait d’avoir un enfant. A alors débuté la phase 2 
du protocole...

80% des femmes retrouvent un cycle normal

L’intervention s’est déroulée en deux temps, les 28 et 
31 janvier derniers. Étape n°1 : le Dr Amélie Charveriat, chirurgienne obstétrique, a créé des petites fossettes, sortes de 
« poches-kangourou », sur le péritoine de Rosalie pour y déposer des fragments préalablement décongelés. Tout cela sous cœlioscopie et en ambulatoire. « L’objectif était de réactiver une néovascularisation pour préparer la suite. » Trois jours après, la patiente est revenue pour une seconde phase d’implantation sous le regard attentif de deux médecins du CHU de Limoges, précurseurs dans ce domaine : le Pr Piver et le Dr Pech.

En France, une quinzaine d’interventions de ce type sont réalisées chaque année. Mais pour le CHU de Poitiers, c’était une première ! « Une fois en place, les follicules doivent produire à nouveaux des ovocytes, poursuit le Dr Gachet, biologiste. 
80% des femmes retrouvent un cycle menstruel normal après six mois. » Une fois le cycle réactivé, Rosalie pourra vivre une grossesse spontanée ou par fécondation in vitro.

Ce que dit la loi
La loi Bioéthique de 2021 a fixé le cadre de la Procréation médicalement assistée (PMA). Ainsi, une femme a la possibilité de réutiliser des ovocytes ou des fragments ovariens congelés dans un but reproductif jusqu’à son 45e anniversaire. Et 49 ans révolus s’il s’agit uniquement de restaurer la fonction hormonale de l’organe. Pas d’âge minimum pour le prélèvement de cortex ovarien ! Mais il n’est prescrit par les médecins qu’en cas de traitements risquant d’altérer la fertilité.
DR CHU de Poitiers

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