Urgences : vers une régulation nocturne généralisée

A l’instar de son site de Châtellerault, pilote sur le sujet, le CHU de Poitiers devrait étendre l’accès sous conditions aux urgences la nuit. 
Un décret ministériel 
est attendu dans les mois à venir.

Arnault Varanne

Le7.info

A Châtellerault, l’expérimentation réalisée entre août et novembre 2024 (Le 7 n°655) s’est révélée « positive », au point d’être reconduite pour trois mois supplémentaires. « Le grand public a très vite appliqué les règles, très peu de personnes se sont présentées spontanément la nuit », 
assure le Pr Olivier Mimoz, responsable des urgences du CHU de Poitiers. Concrètement, après régulation par le 15, trois patients par nuit en moyenne ont été admis. Et un seul, toujours en moyenne, a été réorienté vers un médecin libéral pour un rendez-vous ultérieur. Autrement dit, la mesure ne provoque « aucune perte de chance ».

Fort de ce constat, l’établissement devrait généraliser la régulation obligatoire entre 23h et 7h sur ses quatre sites (Châtellerault, Poitiers, Loudun et Montmorillon) « dans le courant du second semestre 2025 ». Le CHU est en attente d’un décret ministériel l’y autorisant, non pas sous forme d’expérimentation mais de manière pérenne. L’urgentiste l’assure, l’accueil conditionnel a vocation à « recevoir les patients qui en ont vraiment besoin et permettre aux équipes de mieux les prendre en charge. Une urgence, comme son nom l’indique, concerne une pathologie aiguë qui a peu d'antériorité. Quelqu’un qui vient à minuit parce qu’il a mal au dos depuis plusieurs semaines n’a rien à faire chez nous. Il provoque des interruptions de tâches pour les soignants. Le mieux est qu’il puisse voir un médecin généraliste le lendemain ». Chaque échange nocturne avec un médecin régulateur fait déjà l’objet d’un rappel le lendemain.

L’attente, « pas un critère de qualité ! »

Après des années « difficiles », le service des urgences semble moins sous tension, hormis dans les périodes de pics épidémiques, notamment parce que les équipes se sont reconstituées. « En novembre, nous approcherons de la soixantaine de médecins. Et le CHU a également recruté beaucoup d’infirmières donc la situation s’améliore », assure le Pr Mimoz. Reste que les temps d’attente -entre six et sept heures en moyenne- font tiquer les patients. Mais « ce n’est pas un critère de qualité !, s’étrangle le médecin. Les patients arrivent au fil de l’eau (240 à 250 passages par jour, ndlr), on ne peut pas tous les voir en cinq minutes. Toutes les urgences sont évaluées rapidement, les patients couchés sont vus par une infirmière et un médecin. Les patients assis, eux, attendent plus longtemps, certes. » 


Le CHU se félicite que depuis un an les urgences de Montmorillon et Loudun n’aient pas fermé un seul jour, ce qui était hélas régulier auparavant. Rappelons qu’il est toujours recommandé d’appeler le 15 la nuit et le week-end ou de solliciter son médecin traitant la journée.

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