Aujourd'hui
La méthode Montessori n’est plus l’apanage des enfants. La preuve : les deux unités de vie protégée du site montmorillonnais du CHU en font l’expérience depuis plusieurs mois auprès de leurs résidents atteints de troubles cognitifs.
Quand elle a imaginé sa méthode, Maria Montessori pensait aux enfants. Et l’Histoire l’a consignée comme telle : une pédagogie éducative dédiée aux plus jeunes. Pourtant, sur le site montmorillonnais du CHU de Poitiers, l’approche mise au point par la pédagogue italienne est expérimentée dans les deux unités de vie protégée (UVP), autrement dit auprès de personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. L’initiative a germé fin 2021 entre les lignes du projet médico-social de l’établissement pour « appréhender une façon de travailler autrement », explique Antonio Romano Coelho. Ainsi, de mars à octobre, « tous les agents ont été formés, les aides-soignantes, les infirmières, les kinés… Tous ! » Au total, 46 personnes sensibilisées à l’approche Montessori. « Nous ne partons pas de ce dont les résidents ont besoin mais de ce qu’ils sont capables de faire, en valorisant les réussites », résume le cadre de santé. « Le résident redevient acteur de sa vie, comme dans son quotidien d’avant. Il a le sentiment d’être utile, d’être au centre de ses choix », complète Laëtitia Cros, psychologue au sein des deux UVP et l’une des chevilles ouvrières de cette expérimentation, avec la diététicienne Laurence Debord-René.
Ainsi, à l’Ehpad des Marronniers comme chez son voisin des Magnolias, les résidents des UVP dressent la table, passent le balai, jardinent… « On les accompagne et on les laisse faire, même si c’est mal fait, reprend Antonio Romano Coelho. De même, le petit déjeuner n’est plus servi sur plateau mais sous forme de buffet, ce qui leur donne l’opportunité de ne pas toujours manger la même chose. »
Comme à la maison
Dans une institution comme l’hôpital, pétrie de protocoles éprouvés et de normes sanitaires rigoureuses, le virage n’est pas toujours naturel. « Cela nécessite de s’extraire de l’aspect institutionnel, du fonctionnement de groupe, pour se recentrer sur la personne, ce qu’elle est, ses envies », note Laëtitia Cros. Et non plus sur le nursing. « C’est une philosophie de travail plus qu’une méthode, qui amène à voir le résident différemment. C’est une transformation des habitudes de travail », appuie Antonio Romano Coelho. Pour maximiser l’expérience, Laëtitia Cros et Laurence Debord-René ont également lancé un « appel aux dons » auprès des personnels et des familles. « Beaucoup de résidents sont isolés et disposent de très peu de choses, explique la diététicienne. Grâce aux dons, on peut décorer leur lieu de vie pour qu’il s’approche le plus possible d’un environnement familial, et ce malgré les contraintes de l’hôpital. » Meubles en bois vieillis, livres, vaisselle -dépareillée de préférence !-, boîtes en fer ou encore l’incontournable toile cirée… De quoi se sentir un peu comme à la maison et retrouver l’envie. « L’important est que les résidents prennent plaisir à faire quelque chose qu’ils sont en capacité de faire, insiste Antonio Romano Coelho. Peut-être que le lendemain ils auront oublié, ce n’est pas grave ! »
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