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Tout au long de l’année, des milliers de Poitevins se retrouvent autour de croyances communes, souvent éloignées des trois religions monothéistes bien connues. Cette série se propose de les découvrir. Cette semaine, le bouddhisme.
Chaussures retirées et laissées sur le pas de la porte, les uns et les autres s’installent devant l’autel où trône une statuette de Bouddha. Chaque mercredi, ils sont un peu moins d’une dizaine à se réunir au Centre de méditation Dhagpo, situé rue François-Rabelais à Poitiers. Patrick, qui le fréquente depuis « plusieurs années » en voisin, vient chercher « un peu de calme » durant ces séances. « De la sérénité, ajoute un autre homme, qui côtoie le centre depuis juin. C’est une collègue qui m’en a parlé, je faisais du yoga avant. »
La méditation est ouverte à tous. Nul besoin d’être bouddhiste de confession pour pouvoir y prendre part, contrairement à la pratique de Tchérenzi, un rituel (prières et récitation) qui nécessite d’avoir reçu un enseignement préalable. Le but de la méditation ? Atteindre le nirvana ou « l’Eveil ». Autrement dit, « l’au-delà de la souffrance », résume Frédéric, le trésorier de Dhagpo Poitiers, qui est habilité à transmettre les enseignements bouddhas. « On préconise une méditation basée sur le souffle, posture assise et jambes croisées ou bien assis sur une chaise. C’est la pratique fondamentale de méditation. » Elle vise à développer de profonds niveaux de concentration, mais aussi l’amour et la compassion.
Enseigné en prison
Le centre Dhagpo de Poitiers est né en 1984, à Quinçay, avant de déménager en 2015 pour mieux faire connaître la méditation. Précurseur des centres urbains en France, il est relié au Dhagpo Kagyu Ling, première congrégation bouddhiste reconnue par le ministère de l’Intérieur en 1988, implantée en Dordogne depuis 1975 et aussi siège européen de l’école kagyü, l’une des quatre lignées du bouddhisme tibétain. C’est par l’un de ces centres locaux que Frédéric a découvert le bouddhisme dans les années 1980. « Mon frère m’a invité à voir un moine tibétain et cela m’a donné envie de me relier. Quelques années plus tard, j’ai ressenti le besoin d’y revenir, de me poser des questions. Petit à petit, je me suis engagé, investi et j’ai suivi des formations pour apprendre à guider des méditations. »
A l’origine de confession catholique, Frédéric avait d’abord essayé de concilier les deux religions. « Le bouddhisme me laisse toute liberté, dit-il aujourd’hui. Plus je l’étudie, plus je le trouve cohérent, vaste. » Depuis trois ans, l’homme est aumônier au centre pénitentiaire de Vivonne, où il anime deux fois par mois des séances de méditation ou des échanges sur les bases du bouddhisme. « Je ne peux être sûr des résultats mais des détenus sont contents des réponses qu’on leur apporte, ça peut être une aide. » Il ne s’agit pas de convertir : Bouddha invite lui-même à réfléchir, à expérimenter. « On est laïc, insiste Frédéric. Pour certains, le bouddhisme n’est pas une religion. Mais il a en toutes les caractéristiques, c’est une science de l’esprit et un art de vivre. Comme le dit le karmapa (le chef de l’école kagyü), il s’agit de « vivre sans nuire aux autres ». »
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lundi 23 décembre