Migrants, migrations, 
significations et connotations

Le Regard de la semaine est signé Théophanie Le Dez.

Le7.info

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Dans moins d’un mois, je m’envolerai vers le Canada en tant qu’étudiante française en mobilité internationale (en circulation migratoire). A ce titre, je serai donc une migrante internationale qui, à l’instar des 281 millions autres migrants en 2020, effectuera un voyage vers un pays développé. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, je suis loin d’être considérée comme telle. Mais alors, qu’est-ce qu’un migrant ? Juridiquement parlant, il n’existe pas vraiment de définition du terme « migrant », mais selon les Nations unies il s’agit d’une personne qui a résidé dans un pays étranger pour une longue période, quelles que soient les causes du mouvement (volontaires ou involontaires) et les moyens de migration (réguliers ou irréguliers).

Il existe deux types de migrations : légale et illégale. Ce qui différencie l’une de l’autre est l’obtention d’un statut juridique et administratif qui autorise le déplacement. En France, selon la loi sur la nationalité de 1889, ce statut se justifie par la possession d’une carte d’identité ou d’un passeport. Dans ce cas, on parle souvent de « voyage ». C’est le cas de ma mobilité au Canada. Cependant, dans le cas d’une migration forcée, pour cause de persécution, de guerre, de catastrophe environnementale... dans le pays d’origine de l’individu, la légalité peut être délivrée par le statut de réfugié, attribué selon la convention de Genève de 1951. C’est par exemple le cas des Ukrainiens arrivant en Europe à la suite de l’invasion par la Russie, et à qui le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin désire offrir « une solidarité économique, humaine, et d’asile ». Ce n’était pourtant pas le cas des « flux migratoires irréguliers importants » d’Afghans et de Syriens en 2021, dont il fallait se « protéger » selon Emmanuel Macron. Loin d’être considérés comme des réfugiés, ces derniers étaient désignés comme des étrangers « sans droits » qui participeraient à une « potentielle menace terroriste », selon les discours de l’extrême-droite.

Comment expliquer cette différence, ces changements sémantiques à connotation négative, sur le traitement du migrant et de la migration ? Selon les sociologues, ce serait lié à la proximité du migrant avec son pays d’accueil et ses valeurs (religion, « race », modes de vie). Cependant, cette instauration d’une hiérarchisation dans les migrations fait craindre, à long terme, une hostilité voire une xénophobie grandissantes des migrants extérieurs au continent. 

CV express
Native de Poitiers, je suis aujourd’hui étudiante en lettres-sciences politiques. Ayant fait un stage à la rédaction du 7, je suis plus qu’heureuse d’apporter ma pierre à l’édifice et d’évoluer dans le journalisme. J’espère vous faire voyager avec moi, notamment lors de mon Erasmus au Canada !

J'aime : le sport sous toutes ses formes, les documentaires de décryptage, la librairie Mollat à Bordeaux, voyager, la géopolitique.

J'aime pas : les opportunistes, faire la cuisine, la pression des examens, les blessures, les climatosceptiques.

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