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Certains pensent avoir la mémoire des visages. D’autres estiment devoir écrire pour mieux retenir. On croit souvent avoir une « mémoire préférée ». Et pourtant, le constat est formel : aucune donnée scientifique ne corrobore cette idée. « Les ouvrages dédiés aux mémoires visuelle, auditive ou même kinesthésique sont nombreux et connaissent un succès incroyable sur les plateformes de vente en ligne, observe Daniel Gaonac’h. L’Education nationale a déjà mis en valeur des tests censés caractériser les élèves. Mais aucune recherche scientifique ne le démontre. » Le professeur émérite de psychologie cognitive à l’université de Poitiers, membre du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage (Cerca), sait de quoi il parle. D’autant que ces tests seraient totalement incohérents selon lui : « Une fois leur mémoire caractérisée, les gens n’ont pas de meilleurs résultats. »
Si cette impression personnelle persiste, c’est qu’elle repose sur des exemples concrets. Et on en a tous ! Selon l’expert, « chacun d’entre nous va privilégier un mode de mémorisation à travers ses activités ». Or, pour améliorer les capacités de son cerveau, il vaudrait mieux « établir des associations entre différentes modalités sensorielles impliquées dans un événement ». En d’autres termes, plus les sens sont mobilisés, meilleure sera la qualité du souvenir. L’hippocampe joue un rôle primordial dans ce processus. Cette structure neuronale est reliée à tous les sens. Cerise sur le cerveau, l’hippocampe est également impliqué dans la gestion émotionnelle. Voilà pourquoi un événement fort en émotions, mobilisant l’ensemble des cinq sens, laissera un souvenir plus intense.
Problème, traiter toutes ces informations en même temps peut amener une « surcharge cognitive ». Et le recours aux outils numériques favorise justement ce genre de problématiques. Encore une fois, tout est question de nuances… En marge de l’exposition 1, 2, 3… 5 sens présentée par l’Espace Mendès-France (lire ci-dessous), le Pr Gaonac’h abordera les différents aspects de ce sujet au cours d’une conférence ouverte au public le mardi 18 octobre à 20h30, intitulée « Mémoire et modalités sensorielles ».
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