Tabou majuscule

L'édito de la semaine est signé Arnault Varanne, rédacteur en chef du 7.

Arnault Varanne

Le7.info

Le Comité consultatif national d’éthique a rouvert la semaine dernière, à son initiative, l’éternel débat autour de la fin de vie. Après les lois de 1999, 2002, 2005 et 2016, toutes synonymes d’avancées, un nouveau pas devrait être franchi en 2023. Et pourtant, le choix des mots dit beaucoup de nos difficultés collectives à « regarder la mort en face ». Ainsi, pas question d’évoquer trop fort le terme d’euthanasie, trop connoté. Dans son avis, le CCNE ouvre la voie à « une aide active à mourir », entourée de précautions langagières et autres garde-fous. Dans un sondage de l’Ifop publié à la mi-février 2022, 94% des sondés se disaient favorables au recours à l’euthanasie dans des cas de souffrances extrêmes et incurables, 89% au suicide. Mais dans le même temps, les services de soins palliatifs sont encore méconnus et les directives anticipées embryonnaires. Peut-être la convention citoyenne appelée à éclairer le législateur permettra-t-elle de sortir des postures toutes faites. La mort reste en France un tabou majuscule, si bien qu’il est difficile de se forger une religion (sic) définitive.


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