Derrière son pseudo, la Poitevine Chloé Alifax a déjà écrit sept romans. Le dernier, Ne Tuez pas Orianne, accompagne une jeune femme aux prises avec le réel et le monde onirique d’un jeu vidéo. Au risque de confondre les deux...
Comme Orianne Alison, Chloé Alifax empile les petits boulots,
« à l’usine, dans la restauration, en supermarché… » C’est précisément dans un magasin Sparrow que la Poitevine d’adoption aux origines basques a choisi de faire travailler l’héroïne de son septième roman, sorti en mars chez H&O éditions, Ne Tuez pas Orianne. L’auteure partage avec son personnage principal un goût immodéré pour les jeux vidéo. « J’ai beaucoup joué, confesse-t-elle. J’ai pu y passer des nuits entières… » Chloé parle au passé, pour la forme. En vérité, elle n’a pas cessé de se téléporter dans ces autres réalités, comme elle n’a jamais cessé d’écrire depuis 2008 et la publication de Saleté !. Son premier roman est né d’un blog créé sous pseudo, Chloé Alifax, un nom pour son propre personnage d’auteure. « Je ne savais pas au départ que je faisais un roman. Mon histoire se construisait en même temps que j’écrivais. »
Un jour, un ami lui conseille un éditeur. Stéphane Million accepte de publier Saleté !,
puis les trois romans suivants.
Une écriture spontanée
« Je pars souvent d’un personnage, de ce que je vois, j’entends, je vis, j’ai vécu… analyse Chloé. J’écris de façon très spontanée, je me laisse porter par le rythme. A la relecture, je peux enlever des mots bien sûr, mais je fais en général très peu de modifications. » Dans Ne Tuez pas Orianne, l’auteure invite le lecteur dans la tête d’Orianne, dans le capharnaüm de ses réflexions, sans s’embarrasser des règles classiques de la ponctuation ni de la syntaxe. De toute façon, les pensées d’Orianne n’obéissent à aucune règle. Ses collègues sont des voix et des silhouettes, au mieux des surnoms. Son attention se focalise sur des détails. Toute sa personne oscille entre Orianne, vendeuse au rayon jardinage d’un supermarché, et Nephael, héroïne de La Quête, le jeu vidéo qui aspire ses pensées. Il en résulte une écriture intime et foisonnante, à la fois précise et confuse. « Il faut un peu de tempête pour écrire »,
glisse Chloé. Adepte d’une écriture « parlée, vivante », elle a lu Salinger, Bukowski et des auteurs anglophones surtout. « Aujourd’hui, je ne lis plus. Et je ne regarde jamais la télévision, elle me sert de console. » Comme Orianne.
Ne Tuez pas Orianne, Chloé Alifax, H&O éditions, 236 pages, 18,50€.