Aujourd'hui
Mathias Charton au diapason de la transmission
Catégorie : Face à face Date : mardi 17 décembre 2024Mathias Charton. 44 ans. Chef de chœur et inspecteur pédagogique régional d’éducation musicale (entre autres). Voit la musique comme un levier d’émancipation. Prévoit de transmettre jusqu’à la retraite.
Un costume gris et des cheveux parfaitement disciplinés. De prime abord, Mathias Charton impressionne par son sérieux. Il faut dire que sa fonction d’inspecteur pédagogique régional d’éducation musicale a de quoi en intimider plus d’un. Mais derrière cette façade se cache un véritable amoureux de la musique et des gens pour qui la transmission est un leitmotiv. Transmettre. Donner une chance de s’élever et de s’épanouir grâce à cet art. Humble, Mathias Charton veut rendre ce qu’on lui a donné. Il est issu d’un milieu « assez modeste voire très modeste » mais passionné des notes. Ses grands-pères, couvreur pour l’un, agriculteur pour l’autre, jouaient du saxophone dans l’harmonie de Méry-sur-Seine. « A la fin de sa vie, mon grand-père maternel a même dirigé la fanfare locale », précise-t-il avec fierté. Après son certificat d’études et quelques années à l’usine, son père intègre l’orchestre militaire lors de son service pour y jouer du trombone. Il ne le quittera plus. « Il y est resté toute sa carrière et est devenu chef de musique militaire. Sa pratique a eu l’effet d’un ascenseur social. A travers elle, il a pu se réaliser et s’émanciper d’un environnement qui pouvait être difficile. » Né à Dijon, bien qu’il ne se sente « pas Bourguignon pour un sou », Mathias vit au gré des obligations professionnelles de son père et déménage régulièrement. Un schéma qu’il finira par reproduire à son tour, en fonction des besoins, parce que, comme Rambo, qu’il aime citer (si, si), il vit « au jour le jour ». Sa mère, elle, était professeure de saxophone. « J’ai été immergé dans cet univers. J’ai commencé à jouer du trombone à l’âge de 8 ans et j’ai rapidement émis le désir d’en faire un métier, un projet de vie. »
Épanouissement et émancipation
Aujourd’hui, Mathias Charton se sent chanceux. Pourtant, à 44 ans, son parcours impressionne. Formé au prestigieux Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSM) et titulaire de l’agrégation, il enseigne à l’école primaire mais aussi en école de musique, au conservatoire, dans des associations et dans l’enseignement supérieur. Chef de chœur et d’orchestre -500 voix pour Queen, c'est lui-, directeur de la maîtrise de Seine-Maritime, qu’il a conduite jusqu’aux championnats du monde, lauréat de prix internationaux ou encore délégué académique à l'action culturelle à Poitiers... Ses activités se succèdent ou se superposent et « se nourrissent les unes des autres ». Vous avez dit hyperactif ? « Je n’ai pas été diagnostiqué mais c’est possible qu’il y ait quelque chose de cet ordre-là, oui », s’amuse-t-il.
« On ne m’a pas laissé abandonner. »
Fier, il l’est, mais apporte néanmoins certaines nuances. « Avec le recul, je baignais dans un environnement qui était extrêmement favorable. Mes parents étant musiciens, ils m'ont entraîné depuis tout petit. Je jouais tous les soirs dans des orchestres, je faisais des concerts les week-ends, ils m'ont emmené faire des stages avec les meilleurs… Tout ça a dû jouer, donc mon mérite est quand même relatif. »
Mathias Charton en est convaincu, la musique est un « outil d'épanouissement et d'émancipation » qu’il s’efforce de transmettre à son tour. « C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix de l'Education nationale. C’est permettre à tous les élèves de pouvoir expérimenter une expression artistique quelle qu’elle soit. » Et comme ses parents avant lui, le musicien et son épouse Roxane éduquent également leurs filles dans un univers musical. « Les pauvres », dit-il en esquissant un sourire. Joanne, 16 ans, et Maxine, 14 ans - depuis samedi - jouent du hautbois et de la flûte et chantent au sein du chœur académique. « C'est une façon de passer du temps ensemble et de vivre cette relation aux autres. Mais cela nécessite un engagement individuel, c'est faire des gammes tous les jours , et la difficulté parfois d'insérer cette pratique dans la durée. » Persévérer, être rigoureux, s’élever et s’épanouir demandent certains sacrifices. « La persévérance est essentielle mais le « terreau » joue beaucoup aussi. On ne m'a pas laissé abandonner. »
Fédérer par la musique
Les notions de famille et de groupe constituent le moteur des chorales de grande envergure qu’il dirige, comme le Chœur régional de Nouvelle-Aquitaine ou Acad’OChoeur. L’esprit de corps est essentiel… tout comme l’exigence. « C'est aussi une façon de les respecter d'être exigeant parce que ça veut dire qu'on a une ambition et qu'on souhaite les voir progresser. » Réussir à créer du lien, voir les choristes évoluer, sentir la fierté dans le regard de sa famille. Mathias accumule les succès. Un désir ? Poursuivre la transmission bien sûr. « J’aimerais créer une sorte d’internat d’excellence pour les enfants issus de milieux défavorisés avec de la musique l'après-midi et un environnement scolaire le matin, pour que la musique les aide autant qu’elle m’a aidé. C’est le projet d'après qui va certainement m'occuper les quelque vingt-quatre dernières années avant la retraite. » Il ne s’arrêtera donc jamais ?
Photo Dylan Lalande
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