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Dans le Sud-Vienne, un centre spécialisé propose d’allier jeûne et randonnée. Les volontaires repartent avec de nouvelles habitudes alimentaires. Si la méthode a fait ses preuves, les nutritionnistes ne la conseillent pas à tout le monde.
Dix ans que Marie lisait tout ce qu’elle pouvait trouver sur le jeûne. « J’ai toujours eu envie de le faire mais on habitait à l’étranger, ce n’était pas simple. » Jusqu’au jour où, de retour dans la Vienne, elle a découvert l’existence d’un centre dédié à Saint-Macoux. Elle s’est jetée à l’eau l’été dernier. « Je n’étais pas bien dans ma peau, j’ai toujours eu un rapport difficile avec la nourriture, j’avais souvent mal au ventre, raconte l’intéressée, âgée de 55 ans. Je m’attendais à perdre plus de poids, mais j’ai surtout compris quoi manger et quand. »
A La Source du jeûne, les gens passent quatre à sept jours dans un cadre idyllique avec forêt, rivière, piscine chauffée, spa, sauna et silence. Ils bénéficient d’activités (yoga…) et, surtout, ils marchent. « Le matin, on part randonner 10km à la campagne pour s’aérer et rappeler au corps qu’on a besoin des muscles », explique Ghislaine Sennavoine. Cette ex-directrice d’un cabinet d’assurance a constaté les bienfaits du jeûne sur sa propre santé avant d’envisager une reconversion professionnelle. Pour cela, elle s’est formée à l’Institut supérieur de naturopathie et a adhéré à la Fédération française jeûne et randonnée. Depuis un an, elle aborde tous les candidats au jeûne de la même façon : d’abord un entretien téléphonique pour connaître les habitudes alimentaires, la forme physique, les objectifs. Puis un programme de « descente alimentaire » une semaine avant l’arrivée. Sur place, les « jeûneurs » n’ont le droit qu’à un jus le matin, de l’eau et un bouillon de légumes le soir. « Le système digestif mobilise un tiers de notre énergie pour fonctionner. Si on le laisse au repos, le reste du corps peut utiliser cette énergie, on se sent plus en forme et clairvoyant », assure l’experte. Au terme de la session, ils partent avec une feuille de route de reprise progressive vers un jeûne intermittent. L’idée ? Maintenir chaque jour une période de seize heures sans nourriture, en sautant le petit-déjeuner ou le dîner.
Pas pour tout le monde
Et la faim dans tout ça ? La question est sur toutes les lèvres. « Cela ne m’a pas posé de problème », assure Marie. « Manger trois fois par jour n’est pas naturel, c’est une habitude qui nous a été transmise, le corps s’adapte », reprend Ghislaine Sennavoine. Réservé à des personnes en bonne santé, le jeûne total ou intermittent est contre-indiqué pour certaines pathologies. Mieux vaut bien se renseigner et demander conseil à son médecin traitant. Il faut savoir que la pratique ne fait pas l’unanimité parmi les nutritionnistes. L’Inserm a exprimé ses doutes en 2014 sur l’efficacité préventive et thérapeutique du jeûne. Pour perdre du poids, Clarisse Gayet, titulaire d’un master Activité physique adaptée et santé (faculté des Staps de Poitiers) et d’un DU de génie biologique option diététique recommande davantage de « faire du sport et d’éviter les aliments hyper-transformés qui se digèrent trop vite ». Elle n’est pas favorable à des plages horaires de jeûne et plaide pour écouter sa faim. « Moi qui suis très active, je mange cinq fois par jour, indique-t-elle. On sous-estime les apports nécessaires. Le cerveau aime pouvoir anticiper ce qu’il va recevoir pour fonctionner. »
Cuisiner soi-même des produits naturels et se reconnecter aux sensations de son corps… Là-dessus, les deux professionnelles sont d’accord. Au-delà, le jeûne total est aussi un « temps de pause du corps et de l’esprit » pour Ghislaine Sennavoine qu’elle conseille « une fois par an ». De son côté, Marie est heureuse d’avoir vécu l’expérience. Et depuis que son mari a suivi la cure en janvier, le couple partage le même menu.
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