Hier
S’il ne roule presque plus, Philippe Vigier conserve intacte sa passion pour tout ce qui touche au vélo, des montres aux chaussettes, en passant par les cartes postales, les t-shirts... A 81 ans, le Mignanxois reste un collectionneur compulsif.
Son sous-sol ressemble à une sorte de caverne d’Ali Baba. Ses mille et une vies de cyclotouriste au long cours -cinquante ans de pratique- jonchent les murs, peuplent les vitrines, envahissent la moindre étagère. Il y a là des diplômes, des verres, huit cents cartes postales, des boîtes en tout genre, quelques cendriers, un vieux garde-boue reconverti en lampe, des vélos miniatures.... N’en jetez plus, la coupe est pleine ! « Vous pouvez écrire que je suis fou, hein ! » On n’ira pas jusque-là, même si l’ancien président des cyclotouristes de Migné-Auxances est du genre fétichiste. « Quand je me balade dans les magasins, c’est évidemment le premier truc que je regarde. » Dans les boutiques de tissu comme sur les vide-greniers, il est connu comme le loup blanc.
On ne se refait pas, surtout à 81 printemps. Car si sa prothèse de hanche le dissuade de plus en plus de se balader en solo ou en tandem, le reste ne lui pose aucun problème. Se mettre à table avec lui, c’est ouvrir un livre d’histoire et de géographie, racontée façon Tonton flingueurs. Philippe Vigier a le verbe haut et le vocabulaire fleuri, a fortiori quand il se lance dans de longues tirades. Son épouse Josette a failli y perdre son latin quelques fois, notamment à Autun, déjà en tandem, lorsque son mari lui a reproché de rapporter une bouteille de Vittel au lieu d’un bourgogne. « Elle a été à deux doigts de prendre le train et de me laisser là. C’est elle qui avait les sous dans la poche ! »
L’ancien gardien de but, passé par... l’Ain, Lencloître ou Vouillé a toujours pédalé pour ça, les copains, les rencontres, les paysages et le dépassement de soi. Ses différentes montures, cinq au total, l’ont emmené de Paris à Brest... à Paris, à Bordeaux, en Bretagne, dans les Alpes, les Pyrénées, aux Pays-Bas, au Portugal, en Pologne... « Au fond, le vélo sert juste à se déplacer d’un point A à un point B. Avec du recul, je me demande comment je faisais pour me lever à 3-4 heures du matin et m’enquiller entre 300 et 500 bornes. » La moustache frétille et il détient évidemment la clé du mystère. Au fond, sa caverne d’Ali baba lui rappelle toutes ses escapades, de la plus insignifiante à la plus incroyable. Philippe Vigier fend l’armure à l’heure d’évoquer le biclou donné « par un copain décédé ». L’homme est un affectif, comme tous les collectionneurs, a fortiori les vélomaniaques.
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lundi 23 décembre