Découvrez le cinquième chapitre du "Retour de Bidirond", la nouvelle autour du carnaval subaquatique organisé par Poitiers Jeunes.
Chapitre V. Où l’éthique n’a pas que de bons côtés.
- Alors, que faisons-nous professeur ?
Pendant mon voyage de retour vers ma ville bien aimée, j’avais imaginé l’issue de mon aventure plus simplement. Je m’étais vu, relatant mon périple devant un parterre d’élus fascinés, leur expliquant la marche à suivre pour sauver le monde et quittant la mairie sous un tonnerre d’applaudissement. Un scénario innocent et sans autre conséquence que ma photo dans la gazette et peut-être une jolie plaque à mon nom sur la place d’armes. Voilà tout. Mais manifestement mon aventure n’est pas encore terminée. Cette fois, au moins, j’ai un ami à mes côtés.
- Et bien je vais commencer par te montrer la raison de la montée des eaux.
De retour dans le sous-marin j’indique à Jacko la direction à suivre. Très vite nous sommes freinés par des courants de plus en plus forts et il n’est bientôt plus possible d’avancer. Accroché aux commandes, mon jeune pilote peine à maintenir une relative stabilité dans ce maelström.
- Mais enfin, professeur. Que se passe-t-il ici ?
- Nous sommes en fait juste en dessous d’une énorme chute d’eau. C’est à cause d’elle que nous sommes submergés.
Les mâchoires serrées, il manoeuvre habilement pour échapper aux violentes secousses.
- Une chute d’eau ? Mais elle vient d’où ?
- Justement, pour voir son point d’origine, il faut que tu nous remontes à la surface.
- D’accord, mais accrochez-vous professeur !
Un coup de manette et quelques sursauts plus tard, l’écoutille de la cabine se retrouve à l’air libre. Après l’avoir ouverte, nous sortons prudemment nos têtes et nous pouvons enfin contempler la première cause de notre tourment.
Dans un vacarme assourdissant, des trombes d’eau claire s’échappent d’un trou béant. Je tends le bras dans cette direction et crie pour me faire entendre malgré le bruit.
- Tu vois au-dessus ce gros bidule ?
Il hoche la tête, captivé par cette vision.
- C’est un robinet. Il faut le tourner pour que l’eau arrête de couler !
Toute son attention est tournée vers l’objet en question. Il est déjà, sans nul doute, en train de faire des plans dans sa tête pour en venir à bout.
De retour dans l’habitacle et une fois l’écoutille scellée, nous pouvons de nouveau parler normalement. Jacko se frotte les mains, pressé d’en découdre avec le fameux robinet.
- Alors, c’est tout ? Une fois le robinet fermé, tout redeviendra comme avant ?
- Non. C’est juste la première partie du plan. Ensuite il faudra libérer le siphon pour faire baisser le niveau des eaux.
- Le siphon ? Et il est où ?
En parlant, il s’installe aux commandes, prêt à découvrir ce nouveau mystère.
- Il se trouve juste à l’aplomb du robinet. Il est bouché par une bonde qui empêche l’eau de s’échapper.
Nous plongeons déjà vers le fond à grande vitesse. Finalement, mon compagnon nous situe à une distance raisonnable de l’énorme disque posé au fond de l’eau. Nous le contemplons en silence jusqu’à ce que Jacko lance pensivement :
- Il va falloir un sacré système d’ouverture pour libérer le siphon. Nous allons avoir besoin de l’aide de tout le monde, dont celle de quelqu’un qui sait très bien nager.
- Je suis sûr que Grand Jim sera ravi de donner un coup de main, enfin, un coup de palme.
Grand Jim, avec ses membres articulés et sa tenue complète de plongée, est bien la personne idéale pour ce type de tâche.
- Malheureusement professeur, dit-il en soupirant, dans l’agitation du début de l’ère aquatique, il a perdu la clé qu’il a dans le dos. Et la déontologie des ingénieurs m’interdit de lui en construire une autre et de le remonter sans son accord. Je lui ai adressé une demande officielle, mais j’attends toujours sa réponse.
- Voilà une raison de plus pour rencontrer le maire sans plus attendre. Ne t’inquiète pas Jacko, quand il nous aura entendu, il saura quoi faire !