mardi 24 décembre
L’exposition visible jusqu’au 9 octobre au centre d’animation de Beaulieu est surprenante. Dans Poitiers, quand la nature reprend ses droits, le jeune photographe poitevin Jean Aballea donne sa vision de la ville sans les hommes.
La Tour Maubergeon et la rue du Marché-Notre-Dame, la cathédrale Saint-Pierre, la Porte de Paris, l’hôtel de ville, le CHU… Sur les larges toiles exposées jusqu’au 9 octobre au centre d’animation de Beaulieu, les lieux bien connus de Poitiers sont reconnaissables et méconnaissables à la fois. Ils sont aux prises avec des herbes folles qui grimpent, rampent et mettent à mal leur belle prestance, ils ont les pieds dans l’eau, apparaissent à l’état de ruines, vestiges d’un autre monde. Apocalyptique ? Post-civilisationnelle ? Ou simplement post-confinement ?
La deuxième exposition du jeune Poitevin Jean Aballea, comptable de profession et photographe par passion, porte bien son nom. Poitiers, quand la nature reprend ses droits ne laisse pas indifférent. « Imaginons que personne ne soit déconfiné pendant deux, trois ou même dix ans ? Il y a plein de raisons qui font que l’on pourrait arriver à quelque chose comme ça. » Le résultat est saisissant, fruit d’un long et minutieux travail. « Je suis passionné par la manipulation d’images mais je n’avais jamais fait de manipulation aussi lourde, confie le fidèle photographe de cosplay de la Gamers Assembly, fan de fantastique. Il m’a fallu jusqu’à dix heures de travail sur chaque image. »
« Décider une entrée de lumière »
L’idée d’une exposition s’est imposée pendant le confinement, dès la première photo, l’hôtel de ville, là où tout a commencé. « J’ai ensuite recherché parmi mes photos toutes celles qui pouvaient être utilisables, de Poitiers mais aussi de Venise, Toulouse, Paris, Quimper, Chenonceau, Disneyland… » Après le confinement, le photographe a pu compléter la série de Poitiers, toujours avec le même souci de véracité. « J’ai utilisé un logiciel de retouche classique », explique-t-il. Mais la technologie ne fait pas tout. « Le plus difficile est de donner une cohérence lumineuse à la photo, de décider d’une entrée de lumière et ensuite de penser chaque herbe avec le bon axe et la bonne lumière. »
Pour chaque photo, destinée à être exposée ou simplement publiée sur les réseaux, Jean Aballea fait confiance au regard aiguisé de Chloé, sa compagne. « Elle est ma directrice artistique, sourit-il. Je ne poste aucune photo sur Internet sans son accord. » Il en est de même de ses images d’un futur sans les hommes. Elles résonnent comme un témoignage écologique silencieux, sans vociférations ni culpabilisation. Elles ne comportent aucune explication, aucune date non plus mais juste, subtiles, « des références à la Covid-19 ». Une inscription sur un mur, une affiche à l’encre effacée…
Exposition Quand la nature reprend ses droits, de Jean Aballea, au centre d’animation de Beaulieu, jusqu'au 9 octobre, du lundi au vendredi de 10h à 18h30. Accès libre, photos à vendre. Contact : Facebook ABL Photographie.
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