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Au printemps 2019, mille deux cents candidats se sont enfermés au parc des expos pour essayer de glaner l’une des vingt-cinq places disponibles à l’école d’orthophonie de Poitiers. Le 23 avril prochain, les postulants passeront les écrits à Bordeaux et s’acquitteront, comme l’an passé, de 80€ de droits d’inscription. Après l’oral, les 4 et 5 mai, les plus performants intégreront les écoles de Bordeaux, Limoges et... Poitiers. Les 80€ ? Ils seront ventilés entre les trois sites. Un ultime sursis avant l’arrêt du concours national d’accès qui inquiète au plus haut point l’Université de Poitiers, financeur unique de la formation. « Les droits d’inscriptions représentent 80 000€ sur un budget de 300 000€ supporté par la faculté de médecine-pharmacie », précise Ludovic Gicquel, directeur de l’école.
L’inquiétude est d’autant plus grande que le CFUOP fonctionne déjà à l’économie, avec seulement trois permanents, alors que « les autres centres de formation ont trois à sept postes d’encadrement pédagogique pour un nombre d’étudiants comparable ». D’où des problèmes récurrents d’organisation dénoncés par les élèves, et même un certain découragement des intervenants appelés à toujours plus d’heures de bénévolat au-delà des cours rémunérés. A deux reprises, le président de l’université Yves Jean a écrit à Alain Rousset pour lui demander un soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine. « La fermeture de la filière serait une catastrophe pour les familles de patients, et plus globalement la profession », s’alarme-t-il dans sa missive. A fortiori dans la Vienne et les Deux-Sèvres où le déficit est palpable.
« Ne pas abandonner Poitiers »
L’université s’appuie sur le fait que le Conseil régional finance l’école de Limoges. Virginie Laval, la vice-présidente chargée de la Formation, parle carrément de « grave injustice ». « Ce n’est tout simplement pas dans nos compétences, l’école d’orthophonie dépend de l’université donc de l’Etat », rétorque Françoise Jeanson, conseillère régionale déléguée à la Santé et à la Silver économie. Son homologue de Limoges bénéficie en réalité d’une aide via l’Institut limousin de formation à la réadaptation (Ilfomer), créé avant la fusion entre les trois ex-Régions. « L’Ilfomer a vu le jour pour faire face à une carence dramatique de professionnels dans la région la plus âgée de France... » L’élue régionale ne veut « pas abandonner Poitiers » et suggère que des mutualisations puissent s’opérer avec d’autres formations de réadaptation. Les vingt-sept Instituts de formation en soins infirmiers ont, par exemple, mis en commun plusieurs cours sur une plateforme unique.
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