Ad Astra, la septième merveille de James Gray

Un astronaute est envoyé en mission aux confins de l’espace dans le but d’y retrouver son père porté disparu et empêcher un cataclysme sur la Terre. Pour sa première incursion dans le cinéma de science-fiction, James Gray explore à nouveau les méandres des relations filiales et humaines. Attention, chef d’œuvre.

Steve Henot

Le7.info

Rien au monde ne semble pouvoir affecter Roy McBride, toujours dans le contrôle de ses émotions, uniquement focalisé sur sa mission. Ce qui fait de lui l’un des astronautes les plus fiables de l’agence militaro-spatiale SpaceCom. Remarqué, son sang-froid lui vaut d’être choisi pour mener une nouvelle mission périlleuse : rallier l’orbite de Jupiter pour mettre un terme aux perturbations électromagnétiques qui menacent la Terre. Dernière position connue où son père, parti en quête de signaux extraterrestres seize ans plus tôt, a donné signe de vie...

Après la jungle amazonienne (le brillant The Lost City of Z, en 2017), James Gray explore avec Ad Astra l’espace et son immensité infinie, dans tout ce qu’elle a de plus fascinant et terrifiant à la fois. Le cadre tout trouvé pour raconter la solitude de son héros et une nouvelle occasion, pour le cinéaste, d’approfondir sa quête filmographique autour des relations filiales. Loin de se répéter, Gray questionne également la nature humaine, dans sa soif absurde de conquête (plus que de découverte) et sa violence. Mieux équilibré que Gravity (2013), plus digeste qu’Interstellar (2014), son septième long-métrage parvient à tenir son propos sans temps mort, durant deux heures pleines. Une nouvelle fois, le réalisateur y manie la tension dramatique et la tragédie avec maestria. Il trouve aussi en Brad Pitt un support idéal, sur un fil, tout en émotion contenue. L’interprétation, la mise en scène, l’écriture… Tout confine à un raffinement certain, d’une impeccable maîtrise. Loin de la science-fiction grand spectacle, Ad Astra est une ode remarquable à l’amour, à cet « essentiel » convoité par le personnage, d’une beauté et d’une justesse proprement sidérantes. Et, chose rare pour le genre, une œuvre à l’humilité prodigieuse. Un vrai coup de maître, une merveille.

Science-fiction de James Gray, avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Liv Tyler (2h04)

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