mardi 24 décembre
Monique François. 69 ans. Voyageuse au long cours et artiste touche-à-tout. Citoyenne du monde née à Casablanca, à la recherche de l’humain.
« La vie est un véritable coup de poker. »Monique François évoque rapidement l’accident de ski qui lui a valu trois mois de rééducation en 2008. De toute évidence, l’artiste peintre –poétesse à ses heures-, qui expose actuellement à la Galerie Rivaud à Poitiers, ne souhaite pas commenter les moments douloureux de sa vie. Ses lunettes rouges, sa tenue aux couleurs vives et sa voix assurée disent toute sa volonté « de faire ce qu’on a envie de faire quand on peut le faire ».
Cet accident aura été un déclencheur, un point c’est tout. Elle le mentionne une première fois, brièvement, y revient au détour d’une phrase. « Je suis une bonne skieuse, c’était une piste bleue... »Puis d’une autre : « C’était le 18 février, le jour de l’anniversaire de mon frère. »Elle se remémore aussi les dames qu’elle a rencontrées dans le centre de convalescence, « elles avaient toutes un truc ».
Monique François a choisi le sien, le pastel. Elle a depuis goûté à l’aquarelle, à l’acrylique, à l’huile...« C’est le sujet qui m’indique ce qu’il faut faire. Je suis une touche-à-tout. »Dans son atelier de Migné-Auxances, attenant à sa maison, un petit meuble est dédié à chacune des techniques qu’elle a explorées au fil de nombreux ateliers, tels que ceux de Michel Bona (Galerie Rivaud), essentiellement à partir de ses photos et vidéos de voyages.
« J’ai toujours pris des photos »
Chine, Thaïlande, Ethiopie, République dominicaine, Birmanie, Cuba... et prochainement Brésil. « J‘ai un mari toujours prêt à partir », sourit celle qui, à 69 ans, ne rechigne jamais à faire sa valise pour aller à la rencontre d’autres peuples. Les Himbas en Namibie, les Kogis en Colombie, les Dogons au Mali lui ont laissé des images indélébiles, à l’instar de cette vieille femme birmane si petite et voutée, qui fumait la pipe, dont elle a peint le châle bleu, le visage fripé et le regard plein de malice.
« Je ne peux pas dessiner en direct, j’ai besoin d’être de retour à la maison. En regardant les photos, tout revient. Je veux qu’à travers mes tableaux on ressente mon émotion. »A l’école de Barbizon elle préfère de loin les Impressionnistes. Elle aussi plaque volontiers des couleurs autour d’elle. « On les retrouve d’ailleurs dans l’histoire de l’art. Cézanne par exemple forçait les couleurs. Au Maroc il n’y a pas besoin de les forcer, il y a du rouge, le violet de l’Atlas...
Née à Casablanca, cette mère de deux enfants reste marquée par son pays natal, qu’elle retrouve dans les photos de son père. « J’ai toujours pris des photos, sans savoir ce que j’allais en faire. Au décès de mon père, qui était professeur dans un lycée technique, j’ai découvert qu’il en avait fait beaucoup lui aussi. »
« Chez nous, c’était table ouverte »
De ses dix-huit premières années passées outre-Méditerranée, Monique François garde aussi des souvenirs d’itinérance. « Mon père avait une caravane avec laquelle nous voyagions pendant les vacances. Je me souviens aussi que nous allions dans des villages berbères avec ma mère, qui avait un diplôme de secouriste. Et puis chez nous, c’était table ouverte. L’étranger était dans ma vie, je vivais dans un environnement très cosmopolite. »Un terreau idéal pour se sentir « citoyenne du monde ».
Quant au développement de sa fibre artistique, la Mignanxoise ne se reconnaît aucuntalent précoce susceptible d’agrémenter sa biographie. Tout juste se souvient-elle avoir de temps à autres « dessiné des modèles pour (sa) mère qui était couturière ». Plus tard, au cours de sa vie professionnelle, elle a été amenée à faire l’interface avec des bureaux de style, à côtoyer le monde de la mode qui l’a toujours fascinée, avant celui des beaux arts.
Aujourd’hui, sur les étagères de son atelier, des livres racontent les vies et les œuvres des grands peintres. Ils sont rangés aux côtés des cadres de toutes sortes qu’elle chine sur les vide-greniers avec Pierre, son mari. Ce « bricoleur de génie »les restaure ou en crée à partir de bidons, de fenêtres... Elle y insère ses tableaux signés Moma, un surnom qu’elle a imposé « parce qu’il y avait trop de Monique dans la famille ! »
Pour la première fois, jusqu’au 28 septembre, Moma expose aux côtés de sa fille Agathe, « une petite pâquerette qui s’est développée dans (son) ombre ». L’art les a rapprochées. « Tout semblait nous opposer jusqu’à ce qu’Agathe attaque un bloc de béton cellulaire pour y tailler un buste de femme. Elle avait 20 ans et, depuis, elle m’étonne chaque jour »,confie la mère, admirative du bestiaire en papier mâché de sa fille de 43 ans. « Je lui lisais des contes paraît-il... Cette exposition, c’est la rencontre entre le monde de mon enfance et le sien. »
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