Tensions sur toute les lignes

Renouvellement de la concession sur la ligne Poitiers-Lyon, choix d’un nouvel exploitant, financement des compagnies low cost… Les prochaines semaines s’annoncent très tendues à l’aéroport de Poitiers-Biard, où Grand Poitiers ne veut plus soutenir l’infrastructure à n’importe quel prix.

Arnault Varanne

Le7.info

Le 26 septembre, le Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard (SMAPB) doit arrêter le choix du prestataire qui succédera à Hop pour assurer la liaison Poitiers-Lyon. Sur ce premier volet, le consensus devrait pouvoir être trouvé entre les élus du Département et ceux de Grand Poitiers. Et ce même si la communauté urbaine aimerait s’assurer de l’engagement financier de la Région et de l’Etat sur cette ligne « très utile pour le développement économique de notre territoire », dixit Alain Claeys. La séance devrait aussi être « animée » par le dévoilement du rapport que la Chambre régionale des comptes a consacré au Syndicat.

912 000€ par an pour Ryanair

La Chambre de commerce étant sortie du jeu en début d’année, le Département et Grand Poitiers se retrouvent face à face dans un autre arbitrage qui ne fait absolument pas consensus. La communauté urbaine estime qu’il n’est « plus possible de financer avec de l’argent public les lignes aériennes low cost ». La collectivité s’appuie sur la décision de la Commission européenne d’obliger Ryanair à rembourser plus de 8,5M€ à Montpellier (*) en raison des aides marketing reçues de la part des collectivités. Elle ne veut prendre aucun risque avec les règlements européens qui s’appliqueront sans tolérance aucune à partir de 2024. L’an dernier, Ryanair a empoché ici 912 000€ de subventions via une filiale. Dans un rapport intitulé « Les aides publiques au transport aérien », le consultant aéronautique Jacques Pavaux estime que l’application de la directive « conduirait à la fermeture de la plupart des aéroports dont le trafic annuel s’échelonne entre 200 000 et un million de passagers ». Celui de Poitiers plafonne à 120 000 passagers, dont 60% assurés par la compagnie irlandaise. Brexit oblige, la dépendance aux destinations anglaises (Londres, Manchester) ne laisse pas non plus d’inquiéter. Le SMAPB a même envisagé d’étendre l’aérogare pour y installer les douanes. Coût du devis : 700 000€.

Un manque à gagner

Autre sujet de discorde : la durée de concession accordée au futur exploitant. Le Département table sur douze ans, Grand Poitiers plaide pour cinq ans, après le septennat assuré par Vinci Airports. Lequel avait promis 70 000 passagers supplémentaires à l’horizon 2019, mais n’est jamais parvenu à faire décoller Poitiers. Enfin, pour corser le tout, le SMAPB va devoir trouver plus de 760 000€ pour combler le trou laissé par le retrait de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne. Dans un énième courrier à Bruno Belin, Alain Claeys le « remercie d’avoir écrit aux présidents des Deux-Sèvres, de Grand Châtellerault et de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne. » Hélas, un courrier ne vaut pas engagement financier. Sollicité, le patron du Département n’a pas souhaité répondre à nos questions.

(*) En novembre 2018, le Département de la Charente avait fait saisir un avion de Ryanair sur le tarmac de Bordeaux pour obtenir le remboursement de 525 000€ d’aides indues.

 

Trois candidats à la succession de Vinci
Selon nos informations, trois candidats sont actuellement dans la short list pour succéder à Vinci Airports. Sur la ligne La Rochelle-Poitiers-Lyon, Chalair est seul en lice. A signaler que la piste de l’aéroport doit faire l’objet de travaux d’ampleur estimés au minimum à 4M€.

 

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