Vincent Dedienne : « Au Tap, j’ai été heureux »

Vincent Dedienne aime Poitiers et son théâtre, dont il a parrainé la 10e saison culturelle. Le comédien est de retour sur la scène du Tap, dimanche, à l’occasion d’une lecture de Fou de Vincent.

Steve Henot

Le7.info

Vincent, vous lirez Fou de Vincent, de Hervé Guibert, dimanche, devant le public du Tap. Un exercice particulier pour un comédien ?
« En tant que spectateur, j’adore aller voir des lectures. Je trouve qu’il n’y en a pas assez. C’est venir présenter un texte, rester un peu derrière, mettre tout son savoir-faire et sa technique au service de l’auteur… J’apprécie l’humilité, la modestie que cela réclame. Sur scène, ce n’est pas tant un challenge. Il y a des acteurs qui sont infoutus de lire, qui savonnent ou que ça intimide trop, qui ont peur de se tromper… Moi, ça m’a toujours été naturel. Mais j’ai un rapport bizarre à la lecture : j’ai appris à lire seul dès l’âge de 4 ans. Mes parents ne me croyaient pas. « Ce n’est pas possible, t’es trop petit ! » Je leur ai lu un album de Tintin et ils ne savaient pas pourquoi je savais lire. Donc non, ce n’est pas très dur en vrai. »

Comment avez-vous découvert cet écrivain, déjà à l’honneur en décembre au Tap, dans Les Idoles de Christophe Honoré ?
« Comme un coup de tonnerre, à la sortie de l’adolescence. J’ai eu l’impression de trouver un jumeau, un ami, un frère, un père, un amant… Tout me parlait, me parvenait au cœur. Je suis content de le faire exister sur scène, parce que c’est un auteur un peu absent des programmations. Il a moins écrit de théâtre, mais son écriture est si charnelle, tellement organique et sanguine qu’elle est faite pour être incarnée. Si on le redécouvre aujourd’hui ? Pas sûr. C’est une « idole ». Mais j’aime bien l’idée qu’on soit là avec Christophe, Marina (Foïs), des écrivains comme Arnaud Cathrine ou Olivier Steiner à s’assurer qu’Hervé Guibert ne disparaisse pas. »

Lecture, one-man-show, théâtre classique, télévision et même cinéma. Vous cultivez le grand écart…
« J’ai l’impression de faire le même métier, en fait. Ce n’est pas un grand écart, mais une gymnastique habituelle. On a vite fait de mettre des gens dans des cases, de dire que si untel est drôle, il n’est que drôle ; que s’il danse, c’est qu’il ne sait que danser… Or, cette saison au Tap, il est très agréable que l’on m’ouvre les portes aussi largement que je me sens « large » à l’intérieur. C’est ma formation, ma culture… Et mon goût de spectateur. Quand je vais voir un artiste que j’aime bien, je ne veux pas qu’il me donne ce pour quoi je l’aime déjà. »

Vous avez accepté d’être le parrain de la 10e saison du Tap, après y avoir joué votre spectacle en 2018. Pourquoi ?
« Avec ma régisseuse, Anne Coudret, on l’a joué pendant trois ans dans toutes les salles possibles et imaginables. Même dans un stade de pelote basque ! Parfois, il y a eu des rencontres vraiment agréables, évidentes, où l’on avait le sentiment de parler la même langue, de faire le même travail. D’emblée, il y a eu cette entente, cette amitié avec le Tap. J’adorais l'idée de m’inscrire dans cette saison qui ressemblait à mes goûts, en balayant différents spectres. Aussi, j’ai aimé qu’il y ait un très bon magasin de jeux de société à Poitiers et un escape game. Ça compte ! (rires) Et j’avais passé deux belles soirées ici. C’est un endroit où j’ai été heureux. »

DR - Gilles Vidal

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