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Les agriculteurs en ligne de mire
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : jeudi 26 septembre 2019Les agriculteurs sont de plus en plus souvent la cible d’insultes, d’intimidations en tous genres, voire d’agressions physiques. Face à cette défiance palpable à leur égard, certains redoublent d’efforts pour faire comprendre leur métier.
« Assassin », « criminel », « empoisonneur »… Voilà quelques-uns des noms d’oiseaux proférés de plus en plus fréquemment, dans la Vienne comme ailleurs, à l’encontre des agriculteurs. Pire, la parole est parfois accompagnée de photos, voire de gestes agressifs. « Au début, ce n’était que quelques cas isolés. Aujourd’hui, on observe un effet boule de neige », note Henri Surreaux, le président des Jeunes Agriculteurs.
« On nous fait des bras d’honneur sur la route, on lève les bras au ciel pour nous faire comprendre que l’on gêne », constate Frédéric Piquet. Même si l’éleveur de La Chapelle-Montreuil se considère relativement épargné, car « loin d’une route passante », il n’est « pas à l’aise » et essuie régulièrement « des piques ». « Les gens parlent de notre métier sans le connaître. C’est comme si un agriculteur apprenait à une infirmière comment faire des soins à un patient... Aujourd’hui, nous réalisons une agriculture de précision, se défend l’agriculteur, en utilisant des produits phytosanitaires à bas volume. »
Une charte de bon voisinage
Les distances minimales d'épandagesont aujourd'hui au coeur des crispations. Sous l'effet de la polémique créée par l'arrêté municipal pris par le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) interdisant l'utilisation de ces produits à moins de 150 mètres des habitations, le gouvernement a proposé de fixer la distance entre maisons et zones d'épandage entre 5 et 10 mètres. Les citoyens ont trois semaines pour donner leur avis, sur les sites du ministère de l'Agriculture et de la transition écologique et solidaire et celui de l'Agriculture et de l'alimentation
Peu à peu, la situation se détériore. « Les éleveurs sont tendus, note Frédéric Piquet. A cause de la sècheresse, les aliments risquent de manquer cet hiver. Certains agriculteurs sont au bout du rouleau et il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’ils craquent... »
Dans ce contexte, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a annoncé fin avril la création, dans la Drôme, d’un « observatoire de l’agribashing ». D’autres départements se sont montrés intéressés, dont la Vienne qui s’apprête par ailleurs à mettre en place une « charte de bon voisinage », entre agriculteurs, riverains d’exploitations et institutions. « Le texte est prêt, il ne manque plus que les signatures », note Floriane Sarry, animatrice au sein de la FNSEA de la Vienne.
Mieux communiquer
« Renforcer les relations de voisinages » et « lutter contre l’agribashing » figurent également parmi les priorités du président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Combatif, Dominique Graciet souhaite « communiquer davantage vis-à-vis d’une population urbaine qui a moins de contacts avec le monde agricole ».
Alexandre Perault le fait depuis 2016. Dans le Sud-Vienne, il se sait moins exposé que ses camarades des zones périurbaines. Mais sur Internet, il est en première ligne. « Je sais que quand je vais parler de pulvérisation dans une vidéo, je vais avoir droit à des commentaires haineux ou des insultes », confie celui qui raconte son quotidien de céréalier sur YouTube.
Fin août, trois jeunes de l’Île-d’Yeu (Vendée) ont mis en ligne un clip musical dans lequel ils sensibilisent à la cause des agriculteurs. La vidéo a fait le buzz, avec plus de 200 000 vues. Mais « YouTube, ça ne suffit pas », déplore Alexandre Perault.
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