Deux moi, court et long à la fois

Deux moi n’est ni juste une comédie sentimentale, ni vraiment une comédie sentimentale. Le nouveau film de Cédric Klapisch s’attarde sur deux trentenaires et ce qui les relie. Ou pas.

Arnault Varanne

Le7.info

Un homme, une femme. Deux trentenaires qui habitent des immeubles mitoyens se côtoient sans se voir, promènent leur solitude au milieu de la foule anonyme d’une grande ville. Le propos, éculé, fleure bon la comédie sentimentale à l’américaine. On imagine déjà la fin, le baiser grand écran, les violons qui s’emballent juste avant le générique. Puis on se dit que Deux moi est signé Cédric Klapisch, on se remémore Un air de famille, L’Auberge espagnole et quelques autres. Alors on attend avec curiosité la version « klapischienne » -pardon pour le néologisme- de ce poncif, incarné par Mélanie et Rémy, remarquables Ana Girardot et François Civil. 

Avec pudeur et sobriété, la caméra les filme chez eux, les suit à l’épicerie, au travail, les observe chez le psy, avec leurs proches... On s’impatiente. Ce ne sont pourtant pas les occasions qui manquent de les faire se rencontrer ces deux-là ! Mais rien, pas même un frémissement de début de possibilité de rencontre fortuite. 

Le destin s’acharne pendant que le réalisateur déroule ses messages sur l’isolement, les vraies rencontres, Paris, la confiance en soi, le monde parallèle des réseaux sociaux, celui sans pitié du travail... Les plans fixes se succèdent, les dialogues filmés face caméra ressemblent à des monologues intimes. L’apparition de Renée Le Calm, inénarrable Madame Renée dans Chacun cherche son chatet Péril Jeune-décédée en juin dernier à 100 ans- crée une  diversion.

Avec la régularité d’une pendule à balancier, on va de Mélanie à Rémy, de Rémy à Mélanie. Tic tac, tic tac, tic tac... Avec Deux moi, Cédric Klapisch signe une sorte de conte moderne, lent comme peut parfois l’être la vie dans l’attente d’une vraie rencontre. Ou comme un long-métrage qui hésiterait à la filmer.

Comédie de Cédric Klapisch avec Ana Girardot, François Civil, Camille Cottin, François Berléand (1h50).

 

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