
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Ils résistent. Qu’on se le dise, les fanzines n’ont pas rendu les armes face au tout-numérique. Tant et si bien que la fanzinothèque de Poitiers est presque déjà à l’étroit dans ses locaux fraîchement rénovés et élargis du Confort Moderne.
Véritable institution dans le monde des zines, elle abrite près de 55 000 documents rassemblés au cours de ses trente années d’existence. Pour son anniversaire, qui coïncidera avec le festival Less Playbow is More Cowboy (lire ci-dessous), elle accueillera notamment Jean-Jacques Tachdjian, « le premier auteur qui nous a confié son fanzine, en 1989 », note Marie Bourgoin. Elle est, selon le nouveau directeur Guillaume Gwardeath, « la mémoire vivante »des lieux et une observatrice avertie de l’évolution des fanzines, nés dans les années 70 du mouvement punk.
« Le fanzine a toujours été un média de proximité ; il présentait souvent des groupes locaux, explique-t-elle. Désormais l’information musicale est passée sur Internet, qui permet de mettre du son. »L’âge d’or du fanzinat musical est donc révolu mais le genre perdure, sous d’autres formes, et reste un espace de liberté.
D’autres thématiques
Une centaine de nouveaux documents intègrent chaque mois le fonds de la fanzinothèque, avec l’éphémérité qui les caractérise. « Les fanzines se montent et disparaissent, et ce d’autant plus dans une ville universitaire où les collectifs se font et se défont. La majorité de notre collection est faite de numéros 1,constate sans étonnement Marie Bourgoin. Aujourd’hui on voit davantage se développer les graphzines. » « Le fanzine reprend les codes du journal alors que le graphzine est un travail sur l’objet, notamment privilégié par les étudiants en art »,complète Guillaume Gwardeath.
« On voit aussi apparaître d’autres thématiques, reprend Marie Bourgoin.Des mouvements sociaux comme Queer, l’écologie, le féminisme... » Le féminisme, c’est précisément ce qui, après la littérature, réunit Emmanuelle Lescouët, Pauline Hocquette et Rachel Pellin, trois étudiantes militantes pour qui les zines sont l’opportunité de « s’ouvrir à d’autres formes éditoriales »,loin des circuits traditionnels de l’édition... et de diffusion. Celle-ci reste, selon Marie Bourgoin, « aussi compliquée aujourd’hui qu’il y a quarante ans ! ». Ellepasse par des librairies, des salles de spectacles, des disquaires... et la fanzinothèque pictave !
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