L’or intemporel

Le contexte géopolitique mondial a provoqué une flambée du cours de l’or qui, chez les particuliers, reste une valeur refuge, quel que soit le prix de l’once. 

Claire Brugier

Le7.info

« Dans cette boîte, il y a deux mariages, deux enterrements, la chevalière que j’ai reçue pour mes 14 ans... Je ne les porte pas. Et je ne veux plus les voir, surtout ! »José ne mâche pas ses mots. S’il s’est présenté au Comptoir de l’or, à Poitiers, ce n’est pas simplement pour se débarrasser de « mauvais souvenirs »qui encombraient sa mémoire. Ce n’est pas non plus juste pour profiter de la flambée actuelle du cours de l’or (+27% en un an), qui flirte avec les 1 400€ l’once, soit 45 000€ le kg. « Vendre son or pour mettre un billet à la banque, ça ne rime à rien ! assène le Bussiérois.  Mais j’ai une remorque à acheter, pour environ 2 000 euros. » Après expertise, la transaction se fait rapidement. 

« Contrairement à la crise de 2008, très peu de personnes vendent par besoin », explique le gérant du Comptoir de l’or, Benjamin Massé. Les estimations nationales le confirment : 3 000 tonnes d’or dormiraient dans les bas de laine des Français. « La plupart du temps, les personnes qui viennent vers nous ont hérité. »  Le professionnel constate globalement « des volumes très réguliers », avec, depuis environ un an, une hausse qu’il juge plus structurelle que conjoncturelle. « Notre activité est régulièrement impactée par la hausse du cours de l’or. Il est certain que la flambée actuelle a déclenché une partie des gens qui avaient investi il y a quelques années. Mais ils sont très peu nombreux. »

« Un état d’esprit »

Lorsque la géopolitique mondiale traverse, comme actuellement, une zone de turbulences (tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, Brexit, etc.), « l’or reste une valeur refuge,rappelle Louis des Jamonières, gérant de Change Vivienne. Ce n’est ni un investissement, ni un placement. Si vous achetiez un vélo avec un Napoléon il y a vingt ans, vous pouvez encore acheter un vélo aujourd’hui. »Le précieux métal arrive en troisième position des solutions d’épargne, derrière les investissements dans l’immobilier et l’assurance vie, et devant les comptes bancaires. « Autant la confiance dans une monnaie est liée à la valeur qu’on lui attribue, autant l’or est une matière finie, dont la valeur d’échange, historique et réelle, est liée à sa rareté. » Le précieux métal a une valeur intrinsèque qui défie la conjoncture.

Pour preuve, au Crédit municipal de Poitiers,« les prêts sur gage liés à des bijoux en or n’ont pas été réévalués en fonction du cours », note la responsable Aline Fontaine. 

Plus globalement, la demande de la part des particuliers ne faiblit pas. «  Acheter de l’or relève d’un état d’esprit, le prix n’a plus vraiment d’importance,constate Louis des Jamonières.  C’est  une réserve pécuniaire très liquide, disponible.»

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