L’attrait des écoles libres

Après Chouppes et Champagné-Saint-Hilaire, une troisième école laïque hors contrat avec l’Education nationale a ouvert à La Bussière. Encore minoritaires, ces établissements séduisent par leur côté familial et nature. Ils pallient aussi la fermeture d’écoles publiques en zone rurale.

Romain Mudrak

Le7.info

Cette semaine est à marquer d’une pierre blanche à La Bussière. Quasiment trois décennies après la fermeture de l’école publique du village, un nouvel établissement scolaire vient de d’ouvrir. Les locaux sont les mêmes. La mairie a participé à leur rénovation pour héberger diverses associations dans un premier temps. Mais lorsque le projet a émergé il y a moins d’un an, l’équipe municipale a applaudi des deux mains. Dans cette petite commune de 340 habitants, parents, élus et bénévoles de tous bords ont mis la main à la pâte, portés par le souffle de Gilbert Bécaud, natif des lieux. Yves a conçu les meubles, Annie, enseignante du privé à la retraite, a élaboré une partie du matériel pédagogique. Philippe a concocté un menu à base de produits locaux pour 4,95€. Son restaurant, le seul commerce du village, se transforme désormais chaque midi en cantine.

Les parents de huit enfants âgés de3à10ans ont immédiatement adhéré au concept. Coût de l’inscription ? 210€ par mois. « Certains ont vécu une mauvaise expérience dans le privé, d’autres faisaient l’école à la maison. Et puis notre école a offert une solution à plusieurs parents qui désiraient s’installer à la campagne, tout en gardant une instruction de qualité et proche de la nature pour leurs enfants », explique Pélagie Boufrioua, présidente de Villa Scholae, l’association porteuse du projet. Son objectif est d’atteindre vingt-cinq élèves d’ici trois ans pour couvrir tous les frais (un salarié). Le socle commun promu par l’Education nationale est la base. Seuls les outils changent. « Notre école est laïque et nous ne défendons pas une pédagogie plutôt qu’une autre, reprend cette ex-manageuse de talents en région parisienne. L’idée consiste à s’adapter aux enfants, en axant beaucoup sur l’oralité. »

Parents associés
Largement minoritaires, les écoles alternatives connaissent un succès grandissant en France (73 000 élèves sur un total de 12,5 millions), surtout dans le primaire. Le personnel de l’Education nationale est totalement absent de ces établissements « hors contrat », mais garde un œil sur la sécurité des enfants et le contrôle des connaissances. Les arguments mis en avant ? De petits effectifs, une pédagogie personnalisée, une dimension familiale ou encore le souci de l’environnement.

A Chouppes, près de Mirebeau, l’école (parentale) Au Tour des enfants -1,5 salarié- a vu le jour en 2017 après la visite de Sophie Rabhi, la fille de Pierre Rabhi, promoteur d’un mode de vie plus respectueux de la nature et des êtres vivants. « Ici, l’éducatrice pédagogique a un rôle d’accompagnante, nuance Flavie Elion, directrice diplômée en éducation de jeunes enfants. Les vingt enfants de 3 à 11 ans sont sensibilisés à la notion de vivre-ensemble, ils sont acteurs de leurs apprentis- sages et passent environ une demi-journée par semaine dans la forêt avec un intervenant. » Le descriptif est long, les spécificités, nombreuses. Chaque famille doit s’investir au moins 16h par mois dans l’école, notamment dans l’accueil périscolaire, le temps de repas et le ménage. Un parent est toujours présent dans la classe. « Un vrai contexte propice à la co-éducation », assure la directrice. Une recette en tout cas recherchée par une partie des parents déçus des écoles de masse des grandes villes.

Photo : Une école laïque alternative ouvre à La Bussière. Photo 2 : Annie Belhomme, enseignante bénévole et Pélagie Boufrioua, présidente de Villa scholae.

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