Hier
Pour ses 16 ans, Naïma reçoit la visite surprise de sa grande cousine, Sofia. Et finit par découvrir que celle-ci est escort-girl. Avec la sulfureuse Zahia Dehar comme interprète. Un film mineur mais pas moins pertinent.
Son anniversaire a toujours eu le doux parfum des vacances. Mais cet été, celui de ses 16 ans, Naïma se doit de songer au métier qu’elle souhaiterait faire à l’avenir. La venue de Sofia, sa cousine avec laquelle elle est très complice, vient chambouler ses plans. Inséparables, les deux jeunes filles s’amusent, sortent à la plage, en boîte de nuit… Et font la rencontre d’Andres, un milliardaire brésilien qui les invite sur son yacht. Là, Naïma va découvrir un luxe qui lui semblait jusqu'alors inaccessible et, surtout, le mode de vie singulier de Sofia.
Une fille facile, c’est d’abord l’histoire d’une transition, celle du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Les illusions et l’innocence de Naïma sont confrontées ici aux rapports de classes et à la féminité exacerbée de sa cousine. Ce qui amène la jeune fille à s’interroger sur sa place dans la société, ses aspirations profondes, ce qu’est être une femme… Le temps d’une parenthèse enchantée, suspendue, que la caméra de Rebecca Zlotowski illustre avec une langueur très à propos. Le portrait sonne plutôt juste, malgré des textes sans doute trop écrits. Récompensé par le prix Société des auteurs et compositeurs dramatiques à la Quinzaine des réalisateurs en juin, le film vaut moins pour cette tranche d'apprentissage estival, somme toute classique, que pour le regard neutre, dénué de tout jugement, que porte la réalisatrice sur ses personnages. Cette perspective rend Sofia d’autant plus fascinante ; elle, la call-girl à l’aise avec son corps, sa sexualité et au détachement désarmant, presque intimidant. Le parallèle -si évident- avec le parcours de son interprète (Zahia Dehar, ex-escort s’il fallait le rappeler) transcende inévitablement la fiction, au risque de vampiriser l’attention du spectateur averti. Et aussi de créer une attente déçue : Une fille facile pose finalement plus de questions qu’il n’apporte de réponse. Au fond, qu’est-ce qu'une femme libre ? Vous avez trois heures…
Comédie dramatique de Rebecca Zlotowski, avec Mina Farid, Zahia Dehar, Benoît Magimel (1h32)
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