Arena : le défi de la rentabilité

Si elles poussent comme des champignons dans l’Hexagone, les Arenas sont souvent loin d’équilibrer leurs comptes. Celle du Futuroscope y parviendra-t-elle ? Les acteurs du dossier ne semblent pas en douter.

Arnault Varanne

Le7.info

Sur le papier, l’Arena Futuroscope recèle de promesses propres à faire se pâmer n’importe quel amateur de sport ou de concerts. A compter du printemps 2022 -l’inauguration aura lieu en décembre 2021-, les Poitevin(e)s auront une Arena à leur porte, dont la pointe architecturale dessine une farouche volonté de s’ancrer dans le paysage. De 1 372 places assises à 6 075 places, le complexe se muera en une dizaine de configurations distinctes. Sur le papier, donc, ce chaudron imaginé par le cabinet d’architecture Patriarche donne envie d’accélérer le temps. 

Aux antipodes de l’enthousiasme ambiant, certains s’inquiètent toutefois de l’investissement consenti par le Département : 26M€ sur les 51M€ du coût total. « C’est nous (la collectivité, ndlr)qui prenons tous les risques », s’étrangle Sandrine Martin, conseillère départementale d’opposition. Bruno Belin rétorque que « l’équipement appartiendra au Département »dans trente ans. Autrement dit, le Conseil départemental investit certes, mais avec la garantie d’hériter de l’Arena à long terme. Entre-temps, NGE Concessions, le Palais des congrès du Futuroscope et Lagardère Sports devront redoubler d’efforts pour que l’exploitation se révèle rentable. 

« A nous d’être bons sur la programmation »

« Nous sommes sur un outil de développement du territoire, estime Danielle Castan, patronne de Futuroscope congrès événements. Le but est d’arriver à l’équilibre et d’engranger de belles manifestations. Contrairement à d’autres structures qui sont déficitaires, nous avons le Futuroscope avec nous. » Le parc a déjà réservé 45 dates sur les 113 programmées dans le prévisionnel -27 de sport, 23 d’entertainment et 18 corporate-, ce qui représente selon le Département « un peu plus du tiers du chiffre d’affaires » attendu. 

« La jauge correspond au marché potentiel de la région (*), ce qui est essentiel. Et puis, le Futuroscope est une marque, une destination forte du tourisme et de l’entertainment en France, assure de son côté Stéphane Pottier, vice-président de Lagardère Sports, gestionnaire de l’Arkena Arena de Bordeaux et de l’Arena du Pays d’Aix. Par expérience et comme au théâtre, on juge la qualité d’une Arena à sa programmation. A nous d’être bons là-dessus. On espère aussi que les saisons du PB86 seront belles. » Le prestataire de services imagine déjà des « complémentarités avec le palais des congrès » et sa grande sœur de Bordeaux (11 000 places). L’Arena Futuroscope pourrait servir de base arrière pendant les Jeux olympiques de Paris 2024 et le basket 3x3 devrait y avoir une place de choix. Pour un partenariat public-privé gagnant-gagnant ? Wait and see. 

(*) Surdimensionnée (14 000 places), l’Arena de Montpellier s’est fait étriller par la Chambre régionale des comptes d’Occitanie, l’équipement a perdu 22,3M€ entre 2009 et 2017. 

Le choix du local
L’intense campagne de lobbying menée par la Chambre de commerce et d’industrie et la Fédération française du bâtiment de la Vienne a abouti à la désignation de l’outsider de Vinci, NGE Concessions. Dans son offre, ce groupe de BTP qui génère plus de 2Md€ de chiffre d’affaires s’est engagé à co-traiter avec 16 PME et artisans de la Vienne qui réaliseront 26M€ de travaux. Sans doute la clé de son succès auprès de la commission d’appel d’offres. 

DR Patriarche architecture

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