La santé mentale est au cœur de l’actualité à l’Espace Mendès-France de Poitiers. L’occasion de mettre en lumière des maladies qui font peur parce que trop méconnues.
Le mois de mars, c’est traditionnellement le moment de s’intéresser à toutes les maladies psychiques qu’on cherche à ignorer le reste de l’année. Les Semaines d’information sur la santé mentale, du 12 au 31 mars, suivent toujours la Semaine du cerveau et chevauchent en général la Journée mondiale des troubles bipolaires (le 26 mars à Poitiers). L’occasion d’exposer au grand jour des pathologies qui font peur et de briser quelques idées reçues.
Mardi dernier, Julie Jadeau a ainsi pu apporter son témoignage précieux à des étudiants infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes ou encore manipulateurs en électroradiologie médicale dans les instituts de formation du CHU de Poitiers. Cette trentenaire, atteinte de troubles bipolaires et stabilisée depuis une dizaine d’années, a sensibilisé ces futurs praticiens à la posture professionnelle à adopter face à un handicap psychique. « J’ai moi-même été admise aux urgences après une crise de panique, raconte la jeune femme. L’interne a fait comme si j’étais une personne « normale », même je n’aime pas ce terme. Mon mari l’avait pourtant informée de mes antécédents. Elle n’a fait preuve d’aucune approche globale du patient, ni de bienveillance, juste des automatismes de protocole. » Julie déplore le manque de connaissances du personnel de santé en psychiatrie, un « domaine largement fantasmé ».
Des artistes dans l’âme
Chez le médecin ou dans l’entreprise, les exemples de discriminations sont nombreux pour les personnes atteintes de maladies psychiques. Et pourtant, les troubles bipolaires -pour ne parler que de ceux-là- concerneraient entre 3 et 5% de la population française. Cette maladie caractérisée par une alternance de phases dépressives et de périodes d’exaltation « se soigne très bien », selon le Dr Levy-Chavagnat, psychiatre au centre Henri-Laborit. « Des médicaments de type régulateurs d’humeur sur de longues durées peuvent être associés à une psychothérapie, ainsi qu’à l’éducation thérapeutique pour apprendre à vivre avec et se débrouiller seul. » Une fois stabilisés, les patients apparaissent souvent plus motivés et créatifs. Encore faut-il bénéficier d’un diagnostic précoce. Les Dr Lévy-Chavagnat et Bouquet animeront une table-ronde organisée par l’association Argos 2001 intitulée « Bien vieillir avec un trouble bipolaire », le mardi 26 mars à 20h30 à l’Espace Mendès-France. Julie Jadeau y sera à coup sûr.
Ecrans, la grande menace ?
Demandez le programme des Semaines d’information sur la santé mentale ! De nombreux événements sont prévus.
« La santé mentale à l’ère du numérique », c’est le thème national retenu cette année pour les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM). A Poitiers, le sujet se décline sous plusieurs angles, à commencer par les risques d’une surexposition des enfants aux écrans. Dangers, symptômes, préconisations... Le Pr Daniel Marcelli, président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, a animé une conférence publique ce mardi aux Salons de Blossac. Le Dr Auregan, de la Polyclinique de Poitiers, interviendra de son côté sur les risques que font peser les écrans sur le sommeil de nos bambins. Rendez-vous, jeudi à 16h, à l’école La Licorne, à Beaulieu. Les téléconsultations en langue des signes, vous connaissez ? Le 7 avait présenté cette expérimentation unique en France dans ses colonnes. Une conférence tout public est programmée jeudi, à 18h30, à l’Espace Mendès-France. Au-delà, Siegfried Burgeot, du Centre régional d’information jeunesse (Crij), parlera de fakenews avec des personnes en situation de handicap psychique, le 28 mars à 10h30 à la médiathèque de Saint-Eloi. Des expositions, rencontres et spectacles complètent le menu de ces SISM, à l’image de cette improvisation théâtrale associant le Dr Borderes du CH Laborit et la compagnie «
Il n’y a pas que les Flamants roses qui savent jouer du violon ». Rendez-vous au Zinc (Grand’Rue), jeudi à 21h. Programme complet sur
emf.fr.