Respirer mieux  pour apprendre mieux

Près de huit cents élèves de l’académie participent à une expérimentation unique en France inspirée de la cohérence cardiaque. Grâce à des exercices de respiration, ils se concentrent, réduisent leur stress et apprennent mieux.

Romain Mudrak

Le7.info

A l’école d’Aslonnes, un même rituel s’instaure tous les jours chez les CE1-CE2. Quand les élèves entrent en classe, ils commencent toujours par un petit exercice de respiration. Chacun dessine les contours de sa main avec l’index. En montant, ils inspirent. En descendant, ils expirent. Ceci cinq fois de suite. Ensuite, tous suivent de la même façon les mouvements d’un petit poisson projeté en vidéo sur le tableau. Au bout de quelques minutes, le calme s’installe comme par magie, le cours peut démarrer. « On fait ça parce qu’on est souvent énervé quand on arrive en classe », explique Zoé, du haut de ses 7 ans. Elle a tout compris. Dans le jargon médical, on appelle cela la cohérence cardiaque. Il s’agit de maîtriser le rythme de son cœur et de recentrer son attention sur un seul objectif. « C’est un bon moyen de remobiliser les élèves après la récréation. Depuis septembre, nous le faisons trois fois par jour en variant les exercices afin qu’ils y trouvent toujours autant d’intérêt », témoigne l’enseignante, Claire Carrin. Et des exercices comme ceux-là, il y en a beaucoup dans la « respirothèque ». Lindsey aime faire semblant de « souffler sur une bougie », mais doucement pour ne pas l’éteindre. Margaux, elle, préfère « le câlin imaginaire à son doudou ».

Moins de stress, plus d’énergie
Depuis un an, près de huit cents élèves de la Vienne et de Charente sont engagés dans une expérimentation visant à évaluer les effets de la cohérence cardiaque sur leur bien-être et leurs résultats scolaires. Un véritable protocole de recherche a été élaboré au sein de l’académie afin de collecter des données objectives et fiables. A l’origine de ce travail, le Dr David O’hare, créateur de la méthode fonctionnelle, Dominique Bellec, chercheur poitevin en psychologie sociale, Eric Zahnd, formateur d’enseignants, et Agnès Castel, inspectrice pédagogique de la circonscription Sud-Vienne. « On constate un changement de comportement des élèves, relate cette dernière. Ils demandent moins de réexpliquer des consignes, ils sont plus concentrés et s’entraident davantage. » Au moment des évaluations de connaissances, les élèves sont également plus zen. « D’une manière générale, quand ils ne sont pas dévorés par le stress de mal faire, ils ont plus d’énergie pour apprendre, reprend Agnès Castel. Le stress est un véritable inhibiteur. » « Moi je l’utilise même à la maison pour me calmer quand je me fais tuer dans mon jeu vidéo », raconte Léo, au premier rang.

Les profs adoptent aussi la méthode. De quoi rester détendus lorsque la fatigue se fait sentir. Cette année, des classes d’éducation prioritaire, des collèges et des Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) ont intégré l’expérience qui sera présentée lors des Journées nationales de l’innovation pédagogique, le 3 avril. Avant, peut-être, de s’exporter.

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