A partir d'aujourd'hui et jusqu'à dimanche, le RICM fête ses cent ans d’existence. Un anniversaire que l’adjudant-chef Jean-Marc ne voudrait rater pour rien au monde, lui qui a intégré le régiment le plus décoré de l’armée française en… 1981. Témoignage d’un « vieux » Marsouin d’active…
En octobre prochain, il tournera le dos à trente-quatre années d’engagement volontaire et de fidélité -quasiment- sans failles à la plus belle des entreprises. Comme l’exige aujourd’hui l’Armée, Jean-Marc ne peut communiquer son nom à la presse. Il n’aurait pourtant aucun scrupule à le faire, tant sa fierté d’appartenir à la « grande famille du RICM » frappe l’évidence.
Les 12, 13 et 14 juin, le mécanicien ajusteur de formation, devenu adjudant-chef à la seule force de sa détermination, participera aux festivités du centième anniversaire d’un régiment « à nul autre pareil. » De son histoire fondatrice, écrite du sang de ses ancêtres du Régiment d’infanterie coloniale du Maroc, Jean-Marc sait ce que les livres racontent. Il a au-delà appris à se fondre dans le moule d’une « maison » étonnamment humaniste, « qui respire la cohésion et le respect de l’autre ». « Quand on intègre le RICM, on ne peut pas passer à côté de son histoire centenaire, explique-t-il. Servir le régiment le plus décoré de France, c’est d’abord un honneur. Mais on goûte rapidement, aussi, à un vrai sentiment d’appartenance. Le RICM vous marque à vie. A tel point que de très nombreux anciens camarades ont épousé des Poitevines et se sont définitivement installés ici. »
Premiers contacts poitevins difficiles
Jean-Marc, lui, n’a ni femme, ni enfants. Quand sonnera l’heure de la retraite, il quittera le Poitou pour son Tarn natal, du côté de Mazamet, où il envisage de devenir sapeur-pompier volontaire. Un autre sacerdoce ! « Mais je sais qu’à chaque instant, je me retournerai sur mon passé. » Un passé voué au RICM, enrichi de seize opérations extérieures et également entrecoupé de détachements longue durée en Côté d’Ivoire, à Djibouti, en Guadeloupe et en Nouvelle-Calédonie. « Que du bonheur ! », sourit-il.
Restent toutefois les stigmates des coups durs. De la mort de neuf frères d’armes -« dont un était mon ami »-, en 2004, à Bouaké, en Côte d’Ivoire. De la disparition, tout à côté de lui, du caporal-chef Guinaud, victime d’une bombe artisanale afghane, en janvier 2011. « Ces moments-là, je les ai vécus comme on vit une maladie. On doit d’abord accepter, puis se soigner et essayer d’oublier. Mais on n’oublie jamais vraiment. »
Le RICM a cent ans, Jean-Marc n’oubliera pas davantage qu’il lui a consacré plus d’un tiers de siècle. Tourner la page sans le moindre regret ? Un aboutissement pour celui que l’armée a fait homme. « Le seul regret que j’ai failli avoir, c’était d’abandonner Vannes et l’océan, en 1996. Au début, je dois reconnaître que les Poitevins n’avaient pas de vrais liens affectifs avec leur régiment. Les premiers contacts ont été difficiles. Mais l’armée a su évoluer et le RICM s’ouvrir. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de la vie de la cité. » Comme un dernier témoignage de reconnaissance à cette terre d’asile autrefois indocile, le sous-officier logistique du 2e Escadron mettra tout son cœur à l’ouvrage, lors des animations proposées, ce vendredi, dans les quartiers de Poitiers. Une ultime communion avant l’adieu au RICM. Sa famille pour la vie.
23M€ de pouvoir d’achat
Le RICM abrite sept cent cinquante militaires d’active, cent cinquante réservistes et neuf personnels civils. Il se compose de six escadrons, un de commandement et logistique, trois de combat, un cinquième de reconnaissance et d’intervention et un dernier, de réserve. On estime à 23M€ son pouvoir d’achat, à cinq cents le nombre d’enfants de soldats scolarisés ou inscrits en crèche et à un sur deux la proportion de Marsouins ayant fait le choix de rester à Poitiers après le départ du régiment
Trois jours de fête
Pour célébrer son centième anniversaire, le RICM offrira au public des animations dans différents quartiers de la ville, ce vendredi. Au programme : présentation de véhicules et d’équipements du soldat, démonstration de techniques de combat ou encore haka… Ce samedi, rendez-vous est donné sur la place Leclerc, à compter de 21h30, pour une soirée festive rythmée par un concert, puis une cérémonie militaire. Pour clore le spectacle, un son et lumière, reprenant images et vidéos historiques, mêlées à un scénario dynamique, sera projeté sur la façade de l’hôtel de ville. Dimanche, enfin, un tournoi de rugby à 7 sera organisé au stade Rebeilleau, à partir de 13h30. Festivités gratuites et ouvertes à tous.