Les généreux amis du musée

Chaque année, le musée Sainte-Croix intègre une dizaine d’œuvres dans sa collection. Certaines sont achetées grâce au concours financier de donateurs, d’autres cédées dans le simple but de conserver un patrimoine.

Romain Mudrak

Le7.info

Depuis plus de cent ans, elles s’abîmaient au fond du jardin de la demeure familiale des Villéger, à Poitiers. Deux représentations de la Vierge Marie et de Joseph vont faire leur entrée au musée Sainte-Croix. Leur histoire est savoureuse. Ces sculptures typiques de l’art roman, datées du XVIe siècle, étaient exposées à l’hospice des incurables (l’ancien hôpital Pasteur) jusqu’au début du XXe siècle. Les sœurs qui dirigeaient l’endroit ont alors décidé de confier les statues à leur jardinier. Peut-être par crainte des conséquences de la loi de 1905, instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Et devinez qui était le fameux jardinier ? Le grand-père des généreux donateurs d’aujourd’hui !

Chaque année, le musée Sainte-Croix acquiert une dizaine d’œuvres. Leurs trajectoires ne sont pas toujours aussi exceptionnelles que celles-ci. Des descendants d’artistes choisissent parfois de léguer leur patrimoine pour qu’il soit présenté au grand public. Parmi les bons samaritains, on compte aussi des scientifiques, comme Maurice Taillet. L’archéologue a déposé le fruit de ses fouilles, réalisées aux alentours de Saint-Georges-lès-Baillargeaux : 14 000 reliquats d’activité humaine préhistorique, ainsi que 1 500 restes osseux d’êtres vivants.

Les « amis » donnent pour « Orphée »

Forte de ses trois cents adhérents, dont beaucoup de retraités de l’enseignement, la Société des Amis des musées de Poitiers (Samp) contribue également à alimenter la collection de l’établissement culturel. « Nous exerçons une veille sur les ventes à venir, indique Alain Tranoy, président de la Samp. Quand une pièce nous intéresse, nous nous portons acquéreurs. Nous sommes en relation directe avec le conservateur du musée et son équipe, ce qui nous amène aussi à connaître tous les projets d’achat. » Et d’abonder financièrement à l’occasion, comme pour l’« Orphée » de Bernard Boutet de Monvel, artiste renommé de l’entre-deux-guerres. En octobre, ce tableau de quatre-vingts centimètres a été remporté par le musée de Poitiers, lors d’une vente aux enchères organisée par Sotheby’s. Le prix ? 32 500€, dont un tiers (10 000€) payé par les « amis » du musée. « C’est un véritable effort pour nous, poursuit le président. Notre fonds de roulement s’élève à 30 000€ pour l’ensemble de nos actions. Mais c’est notre vocation d’enrichir la collection du musée. »

« Un musée qui n’acquiert pas est un musée mort », clame le conservateur des lieux, Pascal Faracci. Au-delà de leur pouvoir d’attraction des visiteurs, les achats suscitent aussi « la curiosité des experts et des passionnées de toute la France ». Poitiers et son musée développent ainsi une renommée toujours bonne à prendre. Prochaine date à retenir : le 12 décembre. Les deux sculptures de Marie et Joseph, rénovées par l’Institut national du patrimoine, s’installeront alors définitivement sur le parcours permanent du musée Sainte-Croix. Bien à l’abri des intempéries.

 

Les dons en nature

Le musée Sainte-Croix bénéficie aussi régulièrement de mécénat financier par des banques, qui contribuent ainsi à l’achat d’œuvres plus onéreuses. Mais on parle aussi de mécénat en nature lorsque, par exemple, une entreprise de peinture vient gracieusement donner un coup de jeune aux salles d’exposition. Même chose pour les pots de fleurs géants installés sur l’esplanade devant le musée...

À lire aussi ...