Ancien théâtre - On prend les mêmes et on recommence

La cession du théâtre de Poitiers a été (une nouvelle fois) votée, hier soir, lors du conseil municipal. Les débats se sont déroulés en présence du maire, qui ne s'est pas démonté face aux opposants du projet. Chacun est resté campé sur ses positions.

Florie Doublet

Le7.info

23 septembre 2013. La cession de l’ancien théâtre est actée en présence de manifestants hostiles à cette vente. La même scène s'est rejouée, hier soir, lors du conseil municipal de Poitiers. A un détail près… L’exécutif a pris garde à « régulariser deux vices de légalité » (lire encadré).

Sans surprise, Jacques Arfeuillère, élu Osons Poitiers et porte-parole du collectif de défense de l’ancien théâtre, est monté au créneau. « Nous avons gagné et vous avez perdu. Les juges nous ont donné raison, ont annulé votre décision de vendre le théâtre. Aujourd’hui, vous vous entêtez, remettez l’ouvrage sur le métier en restant sourd au sens de leur décision, à nos appels de dialogue. »

Pendant près de vingt minutes, Jacques Arfeuillère a poursuivi son argumentation, minutieusement préparée. « Le choix fait aujourd’hui de régulariser sans revenir sur le fond du dossier, ni regarder en face le sens de jugement, est pour nous d’une grande gravité. »

De nombreux élus ont pris part au débat. Jean-José Massol a rappelé que « les membres de la commission de déclassement avaient notifié leurs regrets quant à la disparition de ce théâtre. » Le centriste demandait le retrait de la délibération et l’organisation d’un référundum sur le sujet. Patrick Coronas, lui, a fait preuve de pragmatisme : « Puisque nous devons revoter la délibération du 23 septembre 2013, j’ai logiquement été rechercher l’intervention que j’avais faite à l’époque. » L’élu communiste s’interroge sur les lieux de culture actuels (Tap, musée Sainte-Croix, Conservatoire…) « L’appropriation de l’offre culturelle est encore trop faible, en particulier par les Poitevins qui, pour diverses raisons, pensent que ce n’est pas pour eux. ». Malgré son analyse, Patrick Coronas a voté pour cette délibération.

De son côté Jacqueline Daigre a rappellé que la « transformation de l’ancien théâtre en galerie marchande et en musée » n’était pas son projet. « Pour autant, mon groupe ne s’associe pas aux critiques du collectif. Nous le savons… D’une manière ou d’une autre, ce projet aboutira. »

La conclusion du débat est revenue au maire. « Vous dites que vous avez gagné, mais gagné quoi ? Vous avez perdu sur l’essentiel. Vous avez été débouté sur les trois points principaux : le prix de vente, les conditions de cette vente et le déclassement du théâtre. Je vous le dis monsieur Arfeuillère, vous ne gagnerez pas. Votre seul pouvoir, c’est de faire obstruction. »

Le collectif de défense a déjà prévu d'attaquer, de nouveau, cette délibération. Cette fois, les requérants s'appuieront sur l'évaluation des Domaines, qui ne serait valable qu'un an.
 

Pour rappel, en octobre dernier, la Cour administrative d’appel de Bordeaux avait annulé la délibération de 2013 pour un défaut d'information. La procédure de déclassement du théâtre, obtenue auprès de la ministre de la Culture, devait l’être préalablement à la réunion du Conseil municipal. Par ailleurs, les élus n’ont pas reçu une note de synthèse lors de leur convocation.

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