Lawson-Body, la vie en bleu

Dominatrice dans tous les secteurs de jeu, la sélection tricolore n’a fait qu’une bouchée de Tchèques trop vite résignés. En totale communion avec son équipe nationale et les anciens Poitevins de retour au bercail, Lawson-Body a apprécié.

Nicolas Boursier

Le7.info

Dans la bronca accompagnant l’entrée des Bleus, l’annonce de son nom aurait pu paraître inaperçue. Judicieux choix de l’organisation que d’avoir placé Earvin Ngapeth au dernier rang des appelés. La ferveur n’en aura été que plus intense à son adresse.

Jamais l’ancienne pépite du CEP-Saint-Benoît n’a porté les couleurs du Stade poitevin. Poitiers l’aime pourtant, comme toute la planète volley apprend à l’aimer. « Putain, quel kif ! », se borne à commenter le réceptionneur-attaquant de Modène.

Barbe fraîchement taillée -« à la demande de mère », reconnaît-il-, Earvin est tout à son bonheur d’un retour gagnant sur ses terres. Là où il a arpégé ses gammes et donné vie à ses rêves les plus fous. A son côté, un autre Poitevin rêve, lui aussi. A un parcours doré pour ces Bleus impériaux dans ces balbutiements de Ligue Mondiale et assurément taillés pour bien y figurer sur la durée. « Les Jeux Olympiques, seules quatre ou cinq équipes européennes les verront, prévient Antonin Rouzier. Nous voulons être de ceux-là, c’est l’objectif suprême. Quand on voit l’engouement de cette salle, on se dit que la France mérite d’avoir sa chance. »

On en redemande

Bien sûr qu’elle la mérite cette chance. Lawson-Body ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en portant Tillie et les siens d’un bout à l’autre d’une rencontre pourtant vite orientée. « On s’est rendu la partie facile », insistent de concert les deux bombardiers de l’attaque française. Les amoureux de volley auraient sans doute aimé un peu plus de résistance de leur ancienne mascotte tchèque, Kamil Baranek. « On n’avait pas  les armes ce soir », regrette sobrement le gaillard.

Jamais Poitiers n’avait eu l’honneur d’accueillir un match de Ligue mondiale. Elle est désormais comblée, à défaut d’être repue. Trop loin, trop haut, trop fort… Les Bleus ont privé le temple du volley de suspense. Il ne leur en veut pas. Et redemande même à ce qu’une autre messe, dans quelques semaines ou quelques mois, soit redonnée en sa cathédrale. C’est tellement beau des fidèles en fusion…

  

Le match
Poitiers. Gymnase Lawson-Body. Spectateurs. Arbitrage de MM. Barnstorf (Allemagne) et Huhttaniska (Finlande). France bat République Tchèque 3-0 en 1h03 (25-15 en 19’, 25-23 en 24’, 25-11 en 20’)
France : Toniutti 4, Le Goff 4, Le Roux 8, Ngapeth 15, Tillie 7, Rouzier 15, puis Luyneel 1. Libero : Grebennikov.
Rép. Tchèque : Janouch 0, Vesely 5, Mach 2, Baranek 2, Bartos 5, D. Konecny 11, puis Habr 1, Holubec 2, Michalek 2. Libero : Pfeiffer.
Set 1 (8-4, 16-7, 25-15) : Très vite, les Tchèques sont mis au supplice par un block surpuissant, d’où émergent Le Goff et Toniutti (10-4). David Konecny fait ce qu’il peut en attaque, mais la mainmise est totale côté français. Ngapeth se réveille d’un ace fulgurant. Les Bleus sont inarrêtables. Kévin Tillie conclut la manche en poste 2.
Set 2 (8-7, 16-13, 25-23) : Pour la première fois de la partie, les Tchèques font la course en tête, à la faveur d’une faute filet de Le Goff (3-4). Ils résistent même sous l’impulsion de Vesely et du passeur Habr, rentré en lieu et place d’un Janouch égrotant. Au virage du deuxième temps mort technique, les Bleus ont néanmoins repris de l’avance (16-13). Le Roux est au four et moulin, Grebennikov inébranlable en réception. Il ne peut plus rien arriver à la sélection tricolore. Ngapeth enfonce le clou.
Set 3 (8-3,  16-6, 25, 11) : Rouzier virevoltant, l’équipe de France entame pied au plancher ce qui doit (et va) constituer le dernier acte. Le remplacement de l’ex-Poitevin Kamil Baranek par Michalek ne change rien à la donne. Le quatrième des derniers Mondiaux ne lâche que des miettes. A L’image de maître Ngapeth, qui chausse magistralement Konecny au contre et enchaîne sur un « pilon » en 2. 15-5, il n’y a plus qu’une formation sur le terrain. Luyneel rentre et plante un ace. Les Tchèques n’en peuvent plus, Toniutti les libère. 

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