Municipales : 
les citoyens au front

A Poitiers comme à Châtellerault, les collectifs citoyens se multiplient dans la perspective des élections municipales du printemps 2026. La victoire surprise de Poitiers Collectif en 2020 donne des idées à d’autres.

L’événement s’est déroulé du 
22 au 25 août 2024 à Vaour, dans le Tarn, avec un mot d’ordre percutant : « Pécho ta mairie ». Plusieurs dizaines de personnes ont participé à la rencontre nationale des futures listes et communes participatives en vue des Municipales de 2026⁽¹⁾. La Voix citoyenne n’y était pas... encore. Mais « on regarde ce qui se fait à Auray, Annecy ou Tours », 
indique Virginie Cadu-Colin, l’une des membres du collectif né à Châtellerault à l’automne dernier. La Voix citoyenne a fait de la 
« réappropriation des sujets » de l’agglomération l’un de ses objectifs. « Des ateliers de réflexion nous permettent d’imaginer ensemble le territoire dans une démarche écologique », abonde le collectif. Le géographe Michel Lussault est ainsi récemment venu parler de son livre Cohabitons. Une assemblée générale est prévue le 19 février...

« On partage tous dans nos cercles privés des envies, des rêves, et on souhaite les faire émerger collectivement », détaille Fabrice Caudron. « On est avant tout des citoyens, en grande majorité pas politisés », insiste Ninon Cornuau. Exception faite de Ludovic Bu, qui ne cache pas son ancrage chez Europe Ecologie-Les Verts. Ce qui était encore un peu tabou à l’automne le devient de moins en moins. Le travail réalisé doit permettre de « présenter une liste » aux Municipales du printemps 2026 « à Châtellerault et dans quelques communes autour ». « Mais avant, il faut se former sur les sujets, que les gens se sentent prêts... Il faut y aller étape par étape », balise Virginie Cadu-Colin. L’exemple réussi de Poitiers Collectif en 2020 constitue évidemment une source d’inspiration. La Voix citoyenne ne se place cependant « pas en opposition avec les partis politiques ».

« Pour décider, 
il faut comprendre »

A Poitiers, deux collectifs citoyens ont émergé publiquement, au-delà de Poitiers Collectif. Le Forum poitevin s’est lancé en janvier 2023 « avec l’idée de former et d’informer des gens qui s’intéressent à la politique. Pour décider, il faut comprendre et pour comprendre, il faut connaître », rappelle Abderrazak Halloumi, co-fondateur du mouvement avec Sourabad Saïd Mohamed et Anne Bodin-Gilles. Le professeur d’histoire-géo n’est pas tout à fait un citoyen lambda puisqu’il a été élu aux côtés d’Alain Claeys pendant deux mandats et siège encore aujourd’hui dans l’opposition. Si, « avec Elodie Bonnafous »⁽²⁾, il a l’intention de « jouer un rôle aux Municipales », il n’engage pas le Forum poitevin. « Nous voulons juste montrer qu’une collectivité peut faire des choix politiques sur les sujets qui la concernent... »
 Avec le Printemps poitevin, lancé en octobre 2024, René Pintureau et d’autres veulent d’abord 
« mettre en avant les dysfonctionnements et aberrations de la municipalité actuelle ». « On organise aussi des réunions publiques dans les quartiers pour donner la parole aux habitants et voir comment ils vivent. Des sujets comme le manque d’entretien des espaces verts et la propreté reviennent régulièrement », assure l’ancien cadre de la collectivité parti en mauvais termes. Co-présidé par François Blanchard, leader du groupe d’opposition « Poitiers, l’avenir à taille humaine », le Printemps poitevin revendique une cinquantaine d’adhérents et entend « contribuer à ce qu’une autre majorité mène une politique différente ».

⁽¹⁾A Poitiers, seule la maire écologiste sortante Léonore Moncond’huy a d’ores et déjà annoncé sa candidature. Les élus des deux groupes d’opposition ont tenu une conférence de presse commune sur le budget vendredi, mais ont jugé prématuré d’évoquer l’échéance. A Châtellerault, l’élu d’opposition David Simon est lui aussi officiellement candidat avec son collectif « Avec vous, Châtellerault en grand ». 


⁽²⁾Ancienne élue de la majorité municipale, désormais indépendante.