Le neuf en mutation

Confronté à un contexte économique incertain, le marché de la construction individuelle change. Face à un certain attentisme des particuliers, les professionnels du bâtiment n’ont d’autre choix que de s’adapter.

Claire Brugier

Le7.info

Moins de permis de construire délivrés, des matériaux plus chers, un flou persistant autour des mesures gouvernementales, une norme RE2020 générant des surcoûts… Le marché de la construction individuelle a été mis à rude épreuve en 2024. Résultat, « les chiffres ne sont pas bons, confirme la Fédération française du bâtiment 86. Nous avons même eu deux liquidations parmi nos adhérents ». Dans la Vienne, les déclarations d’ouverture de chantier ont connu une baisse de 21,5% au cours des douze derniers mois, voire 35,2% si l’on considère les autorisations pour des logements individuels purs. Quand il ne les a pas privés d’emprunter, le contexte économique a rendu les particuliers réticents.

« Aujourd’hui, la construction d’une maison neuve coûte 30% plus cher qu’il y a deux ou trois ans, constate la FFB86, à moins de revoir ses exigences à la baisse et de faire construire par exemple un T2 au lieu d’un T3. » Les annonces récentes, comme l’arrivée -pas avant le mois d’avril- du Prêt à taux zéro version 2025, pourraient redonner un peu d’allant au marché. Aymeric Hérault n’a toutefois pas attendu l’éclaircie. « En début d’année dernière, il a fallu s’adapter, et très vite. On a accueilli des profils atypiques, de clients qui avaient un apport, note le gérant associé d’HTM, à Poitiers, spécialisé dans la maîtrise d’œuvre. On a dû revoir nos propositions, faire en sorte qu’elles soient plus diversifiées, et réinventer un style de maisons, les clients préférant qu’elles soient allégées en confort pour préserver la superficie. Là où l’on nous demandait 75m2 en 2023, on est passé à 55-60m2. » Le panier moyen a globalement baissé, les clients ont davantage hésité à se lancer, ils ont aussi été plus nombreux à se rétracter faute de prêt ou par attentisme. Pour autant, « notre chiffre d’affaires est à +5%, sourit Aymeric Hérault, alors qu’on a fait 22 maisons en 2023, et 35 en 2024. » Preuve que le marché change.

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