Aujourd'hui
Modiie soit la sociologie
Anaïs Garestier dite Modiie. 29 ans. Streameuse. Chroniqueuse pour Arte et Blast. Se sert du jeu vidéo pour décrypter les sciences politiques et les sujets de société. Résolument féministe.
Palais des comtes de Poitiers et ducs d’Aquitaine à partir des XIe et XIIe siècles, abandonné à un usage plus prosaïque aux XVIIe et XVIIIe siècles, dévolu à la Justice depuis la Révolution et jusqu’en 2019, le « Palais » de Poitiers a déjà vécu plusieurs vies. Et l’imposante bâtisse, « l’un des plus grands bâtiments civils médiévaux de Nouvelle-Aquitaine », selon l’architecte du patrimoine Philippe Donjerkovic, s’apprête à en vivre une nouvelle, dans laquelle on pourra entièrement le contourner. Du jamais-vu depuis… plusieurs siècles assurément ! Le projet global de transformation du quartier est estimé à 60M€, dont 42,5M€ subventionnés par Grand Poitiers, la Région et l’Etat ce qui, selon l’adjoint aux Espaces publics Charles Reverchon-Billot, garantit la réalisation de la première des trois phases. Celle-ci devrait débuter « au plus tard fin 2026 et durer jusqu’à mi-2029 », en site clos et sans emprise sur les rues adjacentes. « Le premier travail va consister à déposer les bâtiments qui sont venus s’agglomérer pour redonner le Palais à la ville, explique Natacha Fricout, architecte de l’Atelier Novembre, maître d’œuvre du projet. Il ne s’agit pas d’un projet de pastiche » mais d’un mélange entre « restauration du patrimoine et architecture contemporaine ».
La première tranche ouvrira le contournement du Palais par la gauche, en haut de l’escalier monumental où va être aménagée une placette, sorte d’antichambre éclairée par de larges lustres. Puis le cheminement piéton traversera un jardin suspendu, passera au nord-est sous l’imposant pignon dont la façade sera entièrement vitrée pour en révéler l’intérieur, notamment l’imposante charpente. Un passage couvert sous l’actuelle échelle du Palais débouchera impasse de la Buvette vers la tour Maubergeon et l’actuel square Jeanne-d’Arc.
Dans les 6 000m2 intérieur, le projet prévoit l’aménagement d’un espace associations, d’un grand salon, d’une salle de conférence, d’un lieu de réception, de bureaux, d’espaces techniques mais aussi d’un café-hôtel-restaurant (16 chambres) dont la gérance fera l’objet d’une délibération du conseil municipal en juin prochain. La majestueuse salle des pas perdus, rendue à son appellation latine d’« aula », connaîtra pour sa part de simples travaux de confort (chauffage au sol, isolation de la toiture…). « Le projet est conçu pour que les usages ne soient pas figés dans le temps », précise Clémence Pourroy, conseillère en charge du Patrimoine historique.
La deuxième phase du chantier, après 2030, comprendra entre autres l’aménagement de la « boîte noire », une salle de spectacle de 99 places assises ou 480 debout (privatisable), d’un grand patio avec belvédère où seront visibles les découvertes archéologiques récentes. Quant à la Tour Maubergeon, elle abritera à terme le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine. La troisième phase consistera dans l’aménagement de la place Lepetit, avec un potentiel raccordement du Palais au réseau de chaleur urbain. Telles sont donc les grandes étapes de ce projet, ou plutôt de cet APD (avant-projet définitif) qui fait suite à l'APS (avant-projet sommaire) et précède la DPT (déclaration préalable de travaux), laquelle sera déposée courant février. Les sigles se succèdent, le Palais restera…
Crédit photo : Sébastien LavalÀ lire aussi ...