Boutillet 
passe au vert

L’entreprise Boutillet, basée à Chauvigny, a intégré dans ses processus de construction un ciment bas carbone. A elle seule, la technologie Hoffman permet de diviser par quatre les émissions de CO2.

Pierre Bujeau

Le7.info

A première vue, le square Beaupuy, à l’est de Poitiers, semble être un ensemble de logements collectifs classique. Pourtant, la construction de ces 25 logements marque une véritable révolution dans le secteur du bâtiment. Il s’agit du premier chantier bas carbone mené par Boutillet (34M€ de chiffre d’affaires, 108 salariés en 2023) dans la Vienne. En quête d’innovation pour répondre aux exigences des maîtres d’ouvrage et aux normes européennes (RE 2020), l’entreprise chauvinoise a misé sur un béton à faible empreinte environnementale créé par l’entreprise vendéenne Ciments-Hoffmann. « Le béton représente la principale source d’émissions de gaz à effet de serre sur un chantier, tant dans sa production que dans son utilisation. Une tonne de ciment produite équivaut à une tonne de CO2, explique Germain Mirebeau, directeur des travaux chez Boutillet. Cette technologie permet de diviser par quatre les émissions de CO2. » Seul bémol : 
son utilisation reste limitée à certaines configurations. « Nous n’avons pas encore assez de recul pour garantir sa fiabilité sur les éléments horizontaux comme les planchers et les poutres », explique Yannis Martin, directeur commercial de la société Hoffman installée près de La Roche-sur-Yon. Cette avancée majeure ne serait possible sans les services de la société Tartarin qui prépare et vend la matière prête à l’emploi.

Ecologique 
et économique ?

D’un point de vue environnemental, le produit a fait ses preuves. Dans la Vienne, à Tours, Limoges... Boutillet utilise la technologie sur tous ses nouveaux chantiers. Mais quid de l’aspect financier ? « Le béton dit classique est taxé parce que moins vertueux. Même si le ciment Hoffman est plus cher d’environ 15% à valeur faciale, au final, le coût est équivalent », 
précise Germain Mirebeau. Le matériau devrait se développer en lien avec l’évolution des techniques de construction. 
« Nous exportons nos services à l’étranger, aux Etats-Unis et en Arabie saoudite. Une prise de conscience s’opère dans le bâtiment mais on doit aller plus loin. Ce secteur doit absolument décarboner ses actions », 
estime Yannis Martin. D’après la Fédération française du bâtiment, environ 190m3 de béton sont utilisés chaque seconde dans le monde. Cela en fait le matériau manufacturé le plus employé sur la planète et la deuxième substance la plus consommée, derrière l’eau mais avant le pétrole.


(*)La filière industrielle du ciment-béton est responsable d’environ 7,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.


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