Tiers-lieu - A Ligugé, Les Usines montent en régime

Cinquième volet de notre série sur les tiers-lieux. Rendez-vous cette semaine à Ligugé, où Les Usines accueillent de plus en plus d’entreprises, événements, activités... Une salle dédiée à l’événementiel verra le jour en 2026.

Arnault Varanne

Le7.info

C’est LE tiers-lieu des tiers-lieux, celui vers lequel tous les regards se tournent à l’heure de définir précisément ce que le terme recouvre. Les Usines, de leur nom, ont germé dans l’esprit de Christine Graval, Cyril Chessé, Denis Meunier et Franck Courtioux « dès 2009 ». L’ancienne filature de Ligugé a été rachetée deux ans plus tard par les quatre complices, mus par l’envie de « trouver un endroit qui [leur] permette de développer [leurs] projets », témoigne Cyril Chessé. L’ex-régisseur du Confort moderne fait toujours partie des piliers de l’association AY128 -du nom de la parcelle cadastrale- qui anime le site 
(4 salariés).

Un quart du site rénové


Car Les Usines sont devenues au fil des années une ruche où créer, produire avec le FabLab, se former, faire de la médiation, dans des secteurs aussi divers que la culture, l’artisanat, l’environnement, le bien-être... « Cette diversité favorise l’entraide, l’inspiration, la mutualisation et la mise en réseau », résume l’association.

Peu de sites font se côtoyer un producteur chinois de musique électronique, une association de compostage, un concepteur d’équipements sportifs, une brasserie artisanale, une association de coopérateurs (Consortium coopérative)... 
« Nous sommes aujourd’hui passés à trente-sept structures, soit une dizaine de plus que l’année dernière », avance Cyril Chessé. A la faveur du fonds friche (700 000€), la SCI des Usines a ainsi réhabilité de nouveaux locaux. « 5 500m2 contre 3 000 jusqu’en 2024. Bon, le site fait 20 000m2 sur 2 hectares ! », relativise le responsable du pôle recherche et création. Pierre après pierre, bâtiment après bâtiment, les espaces revivent ou survivent en attente de travaux de plus grande ampleur. La Fondation du patrimoine a accordé une subvention de 300 000€ à dessein.

En plus des neuf ateliers (100m2 chacun) proposés à la location, l’ancienne filature de Ligugé va s’enrichir dès 2026 d’une salle dédiée à l’événementiel, avec 270 places debout. De quoi accueillir des concerts, représentations théâtrales « proposés par des structures extérieures. Ce sera un vrai changement d’échelle ». Et une transition vers un modèle économique pérenne ? « On doit aller vers plus d’autonomie financière », 
martèle Cyril Chessé. Sans perdre l’âme de ce lieu de tous les possibles.

« J’en ai toujours rêvé ! »
Pierre Phelippon est l’un des derniers entrepreneurs à avoir rejoint les Usines... et l’un des premiers à s’être « positionné là », précisément dans le dernier atelier du bâtiment central réhabilité. « J’en ai toujours rêvé !, assure l’ancien musicien et technicien. J’habite Ligugé depuis dix-sept ans, je connaissais la filature avant le rachat, j’ai déjà eu des petits contrats au FabLab. Donc avec Malik (co-locataire, à la tête de L’atelier de l’ermite, ndlr), on était comme des gosses la veille de Noël avant d’emménager en janvier. » Le patron de L’établi du jardin a créé sa micro-entreprise après avoir commencé son activité « avec Consortium coopérative ». Un autre acteur-clé des Usines. Depuis quelques semaines, les deux copains respirent dans ce local « hyper-lumineux et spacieux ». Au-delà de leur activité, ils sont bluffés par la transformation de l’ancienne filature et la « synergie qui règne ici entre les gens ».
« C’est très stimulant »
Maëlle Gautier et Camille Savina ont beaucoup de points communs. Les deux entrepreneuses viennent d’ailleurs, respectivement de Provence et de Bretagne. Elles travaillent dans les arts graphiques... et partagent désormais un bureau de 19m2 au deuxième étage d’un bâtiment flambant neuf. « On s’est rencontré lors d’un stage de création d’entreprise à France Travail », témoigne Maëlle. Peintre en décor, l’ancienne pensionnaire des Compagnons du devoir avait le choix entre « monter à Paris ou créer [sa] structure ». La dirigeante de Maëlapeintre a préféré -de loin- « l’émulation » offerte par les Usines. « C’est très stimulant d’être entouré par des gens qui ont leur boîte. » A commencer par Camille, qui a découvert le tiers-lieu « sur Internet » avant de déménager mi-2024. La Bretonne, dessinatrice, propose des prestations de live drawing. Notamment sur des compétitions internationales de kendo. « Je fais ensuite des sérigraphies, des goodies, je vais lancer la marque Kamilu », commente celle qui loue « les rencontres » et « le soutien de l’association AY 128 ».
DR Les Usines

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