Plus de quarante ans à vol d’oiseau

Tombé dans la colombophilie un peu par hasard en 1983, François Guillon élève depuis plus de quarante ans des pigeons voyageurs de compétition. Le Neuvillois se prépare pour une nouvelle saison de concours.

Claire Brugier

Le7.info

Du pigeon voyageur, on a l’image un brin romantique d’un messager volant utilisé pour porter les missives d’amoureux empêchés, ou plus prosaïquement pour transmettre des informations vitales par temps de guerre. Or, si depuis 1983 François Guillon s’est entiché de ces volatiles au sens de l’orientation hors du commun, ce n’est pas pour leur talent de communicants mais pour glaner des médailles et des coupes. Le Neuvillois est en effet l’un des quelque 11 000 licenciés de la Fédération française de colombophilie, elle-même divisée en 
21 régions. La Colombe neuvilloise qu’il préside appartient à la 9e. François y a adhéré en 1985, après avoir fait ses premiers pas au sein de l’Union colombophile de Châtellerault. « Mes premiers pigeons, je suis allé les chercher à Vicq-sur-Gartempe. Par la suite, il m’est arrivé d’aller jusqu’en Belgique ! 
Au début, j’en présentais cinq, six, sept en concours. Je n’y connaissais rien. Je me souviens : comme je n’avais pas de panier d’entraînement, je les mettais dans un carton pour aller les enloger. » Comprendre : 
les inscrire à la course, en s’acquittant d’un « prix du bec », les frais d’inscription dans le jargon colombophile. Dès 1985, le passionné a raflé « trois premières places ». De quoi contracter pour longtemps le virus de la colombophilie.

Des pigeons entraînés

Au gré de lectures et au contact de plus aguerris, le passionné a acquis une expertise certaine dans l’art d’élever des pigeons voyageurs de compétition. Comme le 143 614, son « as-pigeon » qui, à 6 ans, a bien mérité de prendre sa retraite des concours pour emménager dans le pigeonnier des reproducteurs.

Doté d’une incroyable mémoire, François cite sans réfléchir les numéros de matricule de ses premiers protégés, et des suivants d’ailleurs. « 588 442, 558 443, 219 803, 219 802… » Chacun est identifié par un numéro, inscrit sur la bague qu’il porte à la patte. Jaune en 2024, blanc en 2025... Une couleur par année de naissance. François en élève plus de quatre-vingts actuellement et peut en « enloger » 
jusqu’à une cinquantaine par course. « On les entraîne. On les emmène d’abord à quelques kilomètres, puis à 12-15, puis on double la distance jusqu’à environ 80. Pour les enloger, il faut cinq « coups de paniers », c’est-à-dire cinq entraînements. » 
De même, pendant la saison qui s’étend de mars à juillet, la distance à parcourir s’allonge. Cette année, le premier lâcher est prévu à Châteaudun (Eure-et-Loir), le dernier à Maaseik (Belgique). Un constateur électronique connecté à un détecteur affiche l’horaire d’arrivée des pigeons à la seconde près, sauf s’ils sont « perdus ». « Leurs ennemis, ce sont les rapaces et les éoliennes, accuse l’artisan à la retraite qui avoue avoir « sacrifié beaucoup de [sa] vie professionnelle pour [ses] pigeons ». Alors il les couve de ses attentions. « Il faut qu’ils soient en bonne santé car les bons pigeons sont beaux ! »

La Colombe neuvilloise : 
06 74 96 13 65. Deux couples de pigeons et deux ans d’adhésion offerts à tout nouveau membre.

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