Habitat de la Vienne par la fenêtre d'Odette

Habitat de la Vienne fête ses 100 ans. A cette occasion, le bailleur social est allé à la rencontre d’Odette Bachelier, une locataire historique qui a vécu de l’intérieur les transformations du logement social.

Claire Brugier

Le7.info

Ils sont presque du même âge : Habitat de la Vienne a 100 ans, Odette Bachelier 94 ans. Entre ces deux-là, l’histoire remonte à… 1959. « Le 16 avril », précise la souriante nonagénaire qui loue aujourd’hui encore au bailleur social une petite maison du quartier de Bellejouanne, à Poitiers. Son quartier. « Je me plais là, c’est tranquille » Sur la façade de son habitation, une plaque commémore depuis le 24 février le centenaire -jour pour jour- de la création de l’Office d’habitations à bon marché du département de la Vienne. 
« Je ne sais pas comment l’expliquer mais, avec cette plaque, je me sens protégée. » Pourquoi là ? Pourquoi elle ? 
Parce que, heureux hasard, non seulement Odette est une locataire historique mais elle occupe depuis 1972 l’une des 42 constructions du projet Pax. Sorti de terre en 1933, il a été le premier programme porté par le bailleur social qui gère aujourd’hui plus de 12 000 logements dans près de 75% des communes du département, ainsi qu’en Charente-Maritime.


Depuis, la construction n’a eu de cesse de s’adapter aux changements de la société. Les immeubles ont succédé aux maisons puis les maisons aux immeubles, les baignoires ont supplanté les douches avant d’être à leur tour remplacées par… les douches. « L’habitat social a suivi l’évolution permanente de la construction », constate Henri Colin, le président d’Habitat de la Vienne. Remontant le temps, il cite notamment, dans les années 1960, l’avènement de grands programmes comme la Plaine d’Ozon à Châtellerault (1961) ou les Couronneries à Poitiers (1967). « En 1959, quand on s’est installé dans les HLM, c’était tout neuf. Oh, c’était chouette ! », témoigne Odette, alors jeune mariée. 
« Tout le monde se connaissait. Si on faisait une bêtise, les parents le savaient dans la demi-heure, raconte Fabrice, 71 ans, l’aîné de ses trois fils. Et quand on avait le malheur de marcher sur une pelouse, le régisseur de la cité nous prenait par l’oreille et nous emmenait faire cent lignes dans son bureau. »

La maison d’une vie

La famille s’étant agrandie, le couple a déménagé pour finalement atterrir rue de Bellejouanne, dans ce T3 de 56m2 où vit toujours Odette et que Fabrice envisage d’acheter. « On a toute notre vie dans cette maison », confie son cadet, Christophe (58 ans), traduisant le sentiment partagé par les trois frères (Stéphane, le benjamin, habite Saujon). 
« Quand on s’y est installé, c’était une vieille maison, reprend Odette, ex-salariée de l’usine Schlumberger. On a demandé la permission pour enlever trois portes, casser la cloison entre le salon et la salle à manger et modifier la cage d’escalier. Et puis il n’y avait pas de salle de bains. Moi je me lavais à la bassine, dans la cuisine. Les enfants allaient aux douches municipales. » De la salle de bains aménagée en 1998 aux volets roulants flambant neufs, la maison a progressivement gagné en confort. « J’aimerais rester là jusqu’à la fin, glisse doucement Odette, accompagnée au quotidien par ses enfants et sa famille, son aide à domicile Marie-Claire, ses voisins… « Au foyer Marie-Noël, je vais manger de temps en temps, jouer aux cartes. Mais mon chez-moi, il est là. »

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