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Aujourd'hui
Modiie soit la sociologie
Anaïs Garestier dite Modiie. 29 ans. Streameuse. Chroniqueuse pour Arte et Blast. Se sert du jeu vidéo pour décrypter les sciences politiques et les sujets de société. Résolument féministe.
« Quand un commercial vient sur l’exploitation, il demande à voir le chef, surtout si c’est un ancien... » Sourires partagés. La proportion de femmes cheffe d’exploitation ou d’entreprise agricole a beau avoir augmenté depuis une dizaine d’années pour avoisiner aujourd’hui les 25%, les préjugés ont la vie dure. Les adhérentes de Pause Café (convivialité agriculture, festivités, échanges) en sourient, bien décidées à faire avancer leur cause de l’intérieur.
Emanation des Jeunes Agriculteurs 86, la section créée en 2018 rassemble des exploitantes et des salariées agricoles mais elle est aussi ouverte -une particularité de la Vienne- aux conjointes d’exploitants comme Sabrina, dont le mari est cuniculteur à Benassay. « Je suis aide-soignante. Faire partie de Pause Café me permet de mieux comprendre le monde agricole et de pouvoir en parler avec d’autres personnes que mon mari. Pour lui, c’est une passion, cela me tient donc à cœur de la partager. » Et l’intérêt n’est pas unilatéral. « Les agricultrices avec lesquelles je parle prennent conscience que cela peut être dur aussi pour leur conjoint. » Mélanie Gourmaud, elle, a connu les deux statuts. « J’ai été conjointe d’exploitant jusqu’en 2023, ce n’est pas facile de se retrouver seule le soir parce qu’il y a les semis, les moissons… C’est bien de pouvoir échanger avec des personnes dans la même situation. Aujourd’hui, je suis exploitante et j’ai aussi besoin de retrouver des personnes qui font la même chose, qui ont la même façon de voir et de s’organiser. Et puis c’est un moment où on sort de son exploitation. »
Preuve qu’il existe autant de profils que d’adhérentes à Pause Café, Rachèle Bourreau a décidé, à 36 ans, de renouer avec le monde agricole dans lequel elle a grandi. Objectif : reprendre l’exploitation familiale située du côté de Loudun. Pour cela, l’ancienne responsable qualité dans l’industrie effectue un stage de parrainage auprès de son père. « C’est un projet de famille. Je veux offrir à mes filles l’enfance que j’ai eue, confie-t-elle. J’avais un très bon salaire mais je m’en fiche, ce que je veux c’est du temps. » La flexibilité des horaires est l’un des atouts du monde agricole. « Il est plus facile de prendre du temps pour soi », convient Séverine Bry, présidente de la commission des agricultrices de la Creuse. « De toute façon, on compensera à un moment donné ! », complète Mélanie Gourmaud.
Directrice du Service de remplacement, Roxanne Boisson observe aussi des changements. « Les femmes osent davantage s’arrêter et se faire remplacer pour la maternité, remarque-t-elle, mais le congé pathologique n’est que de 14 jours. Et c’est un métier physique… Sans compter que les chèvres sont vectrices de maladies dangereuses pour les femmes enceintes, qu’avec les vaches il y a un risque de coup de sabot… Les femmes doivent donc trouver elles-mêmes des adaptations. » Pause Café sert à ce partage d’expérience, mais aussi à penser aux agricultrices de demain. Exemple : « On travaille sur les vêtements de travail, pour qu’ils soient plus adaptés aux morphologies des jeunes filles en filière agricole », note Aurélie Fleury. Et puis il y a le calendrier, témoin silencieux de la féminisation du monde agricole.
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